[RP ouvert] Pour votre santé, pratiquez une activité physique régulière.

Ce matin-là, la jeune psychologue avait décidé de prendre un peu de temps pour elle. Aucun rendez-vous de prévu pour les quatre prochaines heures. Un peu de sport ne lui ferait pas de mal. Très concernée par sa forme physique, Viara avait monopolisé la façade de son studio afin de pouvoir s'entraîner au tennis, contre le mur. N'ayant aucun partenaire de jeu, et en l'absence de cours, elle n'avait pas d'autre solution. Mais cela ne l'ennuyait pas de jouer seule.

Mais avant de perfectionner son jeu, elle entreprit de faire le tour du Parc et de la Plage, plusieurs fois. Petit footing matinal, rien de mieux pour commencer une bonne journée. Levée tôt, Viara avait près de peu de chance de croiser quelques patients qui soient. Elle ne devrait pas être dérangée. Le soleil offrait ses premiers rayons de soleil, et donnait à voir un spectacle merveilleux à la jeune slave. Cela faisait bien longtemps qu'elle n'avait pas pris le temps d'observer le levé du soleil. Le cadre était parfait pour un exercice physique.

Une légère brise venait frôler le visage de la jeune femme concentrée...
Après plus d'une heure de course, elle revint à son studio afin de prendre une bonne douche, et de reprendre avec un entraînement de tennis. Ainsi par ce dernier sport, elle pouvait éliminer toutes les tensions accumulées depuis son arrivée.

La psychologue espérait ne pas troubler le calme du personnel soignant par l'impact de la balle contre le mur. Elle cognait, certes, contre l'une des cloisons de son studio, mais les coups résonnaient contre toute la paroi du pavillon. Elle changerait de place si l'on venait se plaindre... Elle tentait alors de ne pas frapper trop fort pour ne pas gêner ses collègues.

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Isaac se terrait dans le parc, un air morose y planait, pas forcément dans le parc entier, mais autour du malade mental. Il pleurait, pleurait et pleurait encore. Il versait toutes les larmes de son corps. Le monstre dormait, et lui, il se retrouvait encore seul, en proie aux doutes et aux remords.

Il se passait bien volontiers de sa compagnie, mais ce n'était pas lui le responsable de son internement ici, et il ne supportait pas cet endroit, et cette ... Personne qui prenait sa place sans son autorisation. Il craquait ... Souvent, trop souvent ... Peu d'internes et de personnel soignant le connaissait sous sa véritable forme, et il essayait justement de se cacher à la face du monde.

Le bruit de la balle de tennis rebondissant contre le mur du pavillon couvrait ses gémissements apeurés. Ses gémissements couvraient l'arrivé imprévisible du fou qui se cachait en lui.

-"Je ne veux pas ... Je ne veux pas ... Je ne veux pas ... Je veux partir d'ici ... Je veux me retrouver seul ... Vraiment seul ... Sans lui ... Sans mal ... Sans peine ... Sans les fous ... Je ne suis pas fou ... Pas moi, mais lui ... C'est le responsable ..."

Voulait-il vraiment cela ? Il ne le savait pas lui-même ... Ne pas savoir vraiment ce qu'il voulait le rendait encore plus faible, le docteur avait peut-être raison, il devrait plutôt mettre fin à son existence en laissant sa folie gagner entièrement son esprit, ce serait moins douloureux ...

Ses pleurs redoublèrent, et Isaac, le fragile Isaac, étouffait ses larmes dans sa blouse blanche.

La respiration est forte.
Le rythme cardiaque s'accélère.
La température du corps augmente.

Viara retrouvait toutes cs sensations avec un sentiment de pur bonheur. Si certains sont en manque de pratiques plus intimes, la bulgare n'avait de cesse de vouloir se remettre intensivement au sport depuis plusieurs mois. Mais chemin faisant, elle n'avait pas le temps de faire quoi que ce soit, sa recherche d'emploi lui prenant tout son temps. Qu'il était bon de se lever pour prendre l'air, et se dépenser. Elle serait rester là, pendant des heures. Jusqu'à l'épuisement le plus total.

Alors qu'elle se concentrait sur sa balle, elle eut l'impression d'entendre des pleurs. Un membre du personnel soignant ? Non, cela l'étonnait fortement. Un patient alors ? Cette idée l'inquiétait. Que faisait un patient dehors à une heure pareille ? *N'y a t-il aucune sécurité dans cet Institut ?* Elle en toucherait deux mots au chef de la sécurité. Ceci n'était pas normal que les patients puissent sortir à n'importe quelle heure du jour et de la nuit... Et même s'il y avait des heures, cette personne-là ne les avait pas respecté et avait pu passer les agents sans réel problème. Ce qui en était un...
La bulgare irait voir ce... Josh... Josh Dempson. Voilà.

Pour le moment, elle se devait de vérifier qui pleurait à chaudes larmes... Au son for intérieur, elle espérait se tromper. Cette personne pouvait être autre qu'un malade. Mais il y avait très peu de chance. Rattrapant sa dernière frappe dans sa main droite, elle s'arrête. Puis s'avance petit à petit vers la source de ce bruit. Doucement. Pour n'effrayer personne.
Elle entendit une voix tremblante et étouffée.

"Je ne veux pas ... Je ne veux pas ... Je ne veux pas ... Je veux partir d'ici ... Je veux me retrouver seul ... Vraiment seul ... Sans lui ... Sans mal ... Sans peine ... Sans les fous ... Je ne suis pas fou ... Pas moi, mais lui ... C'est le responsable ..."

Sourcils qui se froncent. Nez qui se plisse.
*Eh m*rde... C'est un patient... La colère montait doucement. *Ce Dempson va m'entendre...*

La psychologue se rapprocha tout en douceur du patient en pleurs. Il ne semblait pas bien agressif pour le moment, mais il ne fallait pas prendre trop de risque.

« Tout va bien ? » lui demanda-t-elle, d'une voix tendre et basse.

Il s'agissait de le ramener calmement jusqu'au centre, sans encombre. Elle priait pour qu'il soit ni violent, ni armé...

Isaac Lewinter intriguait vraiment Josh : de psychopathe sanguinaire, il pouvait se transformer en agneau apeuré en quelques secondes, et vice versa. Le chef de la sécurité ne comprenait pas trop tout cela, même si il avait fini par comprendre qu'il s'agissait d'une sorte de dédoublement de la personnalité, ou quelque chose dans le même genre. Les patients avaient tous leurs petits problèmes, et du moment qu'il connaissait ces problèmes, il était satisfait. Pas besoin de tout comprendre, seulement de tout contrôler. Enfin, presque tout.

Aucun des infirmiers n'avait été capable de dire à quel moment ils avaient perdu le fou de vue, et Josh ne s'était pas fait prier pour les réprimander vertement : ils avaient des malades dangereux sous leur responsabilité, et ils faisaient à peine plus attention que si ils surveillaient des enfants... Enfin, pas des enfants d'ici, eux aussi il fallait les surveiller tout particulièrement. Enfin bref, il se comprenait.

Il entendait les bruits d'une balle de tennis rebondissant contre un mur, puis une raquette, puis le sol, et à nouveau le mur, et cela en boucle. Le bruit lui tapait un peu sur les nerfs, il n'était pas vraiment d'humeur, il avait un dangereux évadé à trouver. Et puis, comme répondant à ses pensées, le bruit s'arrêta. Et une voix s'éleva dans le silence matinal. Il n'entendait pas ce qu'elle disait, mais il crut reconnaître la voix de la psychologue, Viara. A qui pouvait-elle bien parler de si bonne heure? Ce n'était pas la plus sociable des membres du personnel, et Josh pensa deviner l'identité de l'interlocuteur. Sans faire de bruit, il ne voulait pas effrayer son fuyard et attirer l'attention, il se rapprocha. C'était une occasion de voir comment elle s'en sortait avec des patients, et si Isaac s'énervait, il pourrait toujours intervenir.

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Il voulait simplement être seul ...

Pourquoi personne ne le comprenait ? Il ne pouvait pas se contenter de l'institut, ce fou furieux le retrouverait et tenterait encore une fois de le tuer pour de bon, comme au cimetière, et il ne voulait pas mourir tuer par ce type, qui se baladait tranquillement dans son esprit et causait tous les maux dont il souffrait. Isaac pouvait souffler dans le parc, au milieu d'une grande quantité d'arbres et avec toutes ces couleurs. Cette atmosphère vivante ennuyait le monstre et lui permettait de pleurer seul ...

Mais peut-on parler de solitude quand un évèment aussi anodin qu'une coupure peut réveiller son locataire et le faire entrer dans une transe folle qui lui donnerait l'occasion de reprendre l'ascendant sur la faible personnalité qu'il était. Oui, il était faible, il le savait, et c'est pour cela qu'il devait disparaître, parce qu'il ne pouvait pas se défendre contre un monstre qui était aux antipodes de sa personnalité. Même s'il avait presque réussi à épargner la fille d'hier, il avait planté son scalpel dans sa chair.

Elle était trop fragile, comme lui avant ... Il ne voulait pas reproduire ce qu'il lui avait était fait enfant à quiconque ... Pas de répression, pas de violence ... Mais le docteur était plus fort que lui et le lâche qu'il était représentait une marionnette pour ce monstre ...

Et eux ne comprenaient pas, ils pensaient qu'il était fou, mais c'est vrai ! Pourquoi ne l'aidaient-t-ils pas à faire fuir cette abomination !?!

-"Tout va bien ?"

Isaac sécha ses larmes et, la tête entre ses bras, marmonna quelque chose comme quoi il allait bien.

Le temps semblait comme suspendu. En apnée sans le vouloir, la psychologue avançait encore plus vers le patient en pleurs. Elle savait très bien que cela était risqué, qu'elle pourrait se faire blesser... À son allure, elle ne l'avait jamais eu en séance individuelle ou séance groupée. Pourtant, étrangement, elle n'avait pas peur. Il aurait pu être le pire des sadiques, mais une telle fragilité émanait de son être qu'on lui aurait donné le bon Dieu sans confession. Petits pas par petits pas, elle était désormais tout à proximité du patient.

Lentement, très lentement, elle s’accroupit à la hauteur du jeune homme. Effectivement, la bulgare n'avait jamais eu de séance avec lui. Elle ne savait donc pas du tout à qui elle avait affaire. Il lui fallait y aller en douceur... Plus qu'en douceur. Un geste brusque pouvait entraîner une vraie catastrophe, et ceci était à éviter.
Il lui avait indiqué d'un geste de tête que tout allait bien. Elle était, cependant, certaine que ce n'était pas le cas. Il ne pouvait pas l'avoir, non, pas elle. Ses joues étaient recouvertes de larmes, signe significatif d'une crise de pleurs... *Mais que faisait-il tout seul, bon sang ?* Cela exaspérait la slave... Malgré la colère qui naissait en elle, elle tentait de garder son calme. Ce n'était pas du tout le moment de montrer son énervement...

« Tu en es sûr ? » le questionna-t-elle, essayant d'être toujours aussi douce.

Sa voix était presque un murmure.
Comme un murmure pour apaiser un jeune enfant ayant fait un mauvais rêve. Viara se savait vulnérable, mais elle désirait l'être. Ou tout du moins, lui montrer qu'elle n'était pas agressive... Qu'elle était de son côté, qu'elle pourrait l'aider, qu'elle était là pour ça...
Et afin de lui prouver qu'elle n'était pas contre lui, elle s'assit sur le sol, en tailleur. Cette fois-ci, elle était totalement à sa merci. À ses risques et périls, elle l'avait choisi. Elle devait en assumer les conséquences. Peut-être les graves conséquences.

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Elle se rapprochait de lui, pourquoi ? Il allait revenir, il le sentait, le plan du docteur le faisait se réveiller. Il était assez intelligent pour profiter de l'instant de faiblesse du lâche pour attendrir doucement l'infirmière sur ses blessures et lui expliquer le coup du scalpel ...
Il avait sauvé la fille, certes, mais pour combien de temps ? Ce fou allait la faire interner dans le fort parce qu'il n'avait pas réussi à la faire craquer tout seul !

*Tu devrais la fermer un peu sale larve, tu ne vaux rien, arrête de te débattre et laisse moi ton corps entier ainsi que ton esprit, tu n'es pas assez puissant pour t'en servir ...*

-Je ... Non ... Je ... Laissez-moi"

*Non, je ne te LAISSERAI PAS !!!*

Le docteur reprenait peu à peu le contrôle et fit mine de baisser les bras, afin de montrer la morsure qu'il avait au niveau du bras à l'infirmière, le malade trembla ensuite, comme une feuille au grès du vent.

*Mais ... Que faites-vous ?*

Le lâche ne réfléchissait jamais, les blessures allaient forcément attirer l'attention, il pourrait ainsi faire semblant de pleurer sur son sort et sur ce qui lui avait été fait. Et le piège se refermerait sur l'adolescente !

"Je ... Ne veux pas ... Je ne veux pas revivre ça ... J'ai peur ..."

Cette bulgare savait décidément y faire. Elle avait réussi à approcher Isaac, et était en train de lui parler. Quand il était dans cet état là, ce n'était pas une mince à faire. Non, vraiment pas une mince à faire... Rien que la vue de Josh aurait suffit à le faire fuir à toutes jambes. Et le plus merveilleux, c'était qu'absorbé comme il était dans son chagrin, et distrait par Viara, le patient ne voyait pas Josh s'approcher pour tendre l'oreille. De là où il était, il pouvait désormais les entendre.

« Tu en es sûr ? »

*Bon, ça veut dire qu'il a dit qu'il n'avait pas besoin d'aide. Typique. Comme si on allait les croire ne serait-ce qu'une seule seconde. Bien sur qu'ils ont besoin d'aide, sinon ils ne seraient pas ici... On ne peut pas dire qu'ils nous facilitent la tâche.*

"Je ... Non ... Je ... Laissez-moi"

Josh remarqua alors que Viara s'était assise en tailleur. Mauvaise idée : si il devient agressif, elle aura du mal à se défendre. Elle aurait du rester accroupie, ou à genoux si elle fatiguait. Enfin, ça n'était son métier de savoir ça. Son métier, c'était l'écoute, l'attention, la parole. Exactement ce qu'elle tentait en ce moment. C'est alors qu'il nota le changement dans l'attitude d'Isaac. Il n'aurait su dire quoi, mais quelque chose était différent. Et différent chez lui, c'était mauvais. Il commença à baisser les bras, Josh ne voyait pas pourquoi. Ça n'était peut-être rien, mais il préférait se tenir prêt. Au cas où. Il se rapprocha le plus près possible sans se faire voir : si jamais Viara réussissait à calmer le jeune homme, il ne voulait pas perturber son travail.

Le chef de la sécurité s'avançait doucement afin de garder un œil sur la jeune psychologue, mais celle-ci ne le voyait point. En effet, elle était totalement concentrée sur le patients, qui se trouvait là, au pied de cet arbre. Désormais à son niveau, elle pouvait l'observer plus en détails. Mais ce ne fut pas un détail visuel qui la perturba quelque peu. Non, ceci se fit à l'ouïe. Il semblait se parler à lui-même... Un nouveau cas de schizophrénie ? Cela en avait tout l'air... Les deux personnalités coincées en ce corps meurtri paraissait s'opposer et se battre en quelques sortes.
L'affaire se corsait donc pour la bulgare. Il fallait qu'elle apprivoise les deux penchants, ce qui n'allait pas être une tâche facile... Il y avait sûrement deux manières d'aborder le malade, une adaptée à chaque personnalité enfermée. Il ne fallait pas paniquer. Rester calme, et sereine, lui montrer qu'il n'y a aucun danger était la meilleure solution pour éviter les catastrophes.

Il baissa lentement les bras afin de les exposer à la vue de Viara. Ainsi découvrit-elle des marques de morsure. Mais comment s'était-il fait cela ? Un autre patient, ou... lui-même ? Si la seconde solution était la bonne, il était un malade à surveiller de très près. L'auto-mutilation étant à bannir. La jeune femme devait l'emmener à l'infirmerie afin de vérifier qu'il n'ait rien d'autre de grave. Qui sait ? Peut-être cachait-il des blessures plus importantes, mais cachées...

Ses yeux rivés sur les morsures remontèrent doucement jusqu'à se planter dans les pupilles humides du patient.

« Qui t'a fait cela ? »

Les autres questions viendraient ensuite. Il ne fallait surtout pas l'accabler d'interrogations, cela pouvant agacer l'une des personnalités, voire, au pire des cas – les deux. Sa voix s'était voulue toujours aussi calme et douce, tentant d'apaiser l'homme en face d'elle.

Amber avait été réveillée presque en sursaut par un bruit qui se répétaient à rythme régulier. Un bruit de percussions, comme si quelqu’un jouait avec une balle. En regardant par une fenêtre qu'on ne pouvait ouvrir par mesure de sécurité, l'adolescente avait aperçu Viara, la psychologue, qui s’entraînait seule. Même si le bruit l'avait réveillé, Amber n'était pas contre se bouger un peu, de plus Amber aimait bien le tennis même si elle n'était pas particulièrement douée dans ce sport. Peut être que la jeune femme voudrait s'entraîner avec elle.

L'adolescente était donc descendue, sans regarder l'heure, il était peut être trop tôt pour qu'elle sorte de sa chambre mais tan pis. Tant qu'elle ne tombait pas sur Dempson...
Quand elle arriva sur le lieu en question deux choses l'alarmèrent :
Le chef de la sécurité était là. Il surveillait une scène qui était beaucoup plus inquiétante pour Amber ; Isaac, l'autre psychopathe de la dernière fois, qui montrait sa blessure à la psychologue. Vite, il fallait reprendre le contrôle de la situation !

Amber s'approcha donc doucement, sans pour autant chercher à être discrète. Josh la remarqua probablement mais elle n'en tint pas compte. Elle commença d'une petite voix, feignant d'être désolée de déranger Viara.

"Euh... Bonjour. Je suis désolée de vous déranger mais je crois que le bruit que vous faisiez en vous entraînant m'a... Oh ! Vous avez remarqué la blessure qu'il a sur son bras. Je l'ai vu la dernière fois. Il était dans le cimetière, il se l'est faite lui-même. Il parlait tout seul et brutalement il s'est mordu avec rage. Je... je n'ai pas osé vous en parler parce que... je ne sais pas trop comment vous auriez réagi... Ni comment lui il aurait réagi..."

Sans en rajouter, Amber fit mine d'être un peu apeurée par la folie du patient. Puis lorsque Viara regarda à nouveau Isaac, Amber décocha un sourire mauvais à ce dernier. Et Josh ne risquait pas de s'en apercevoir puisqu'elle lui tournait le dos. Puis elle reprit un air désolé et fit mine de s'inquiéter de la santé d'Isaac.

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Le docteur s'était réveillé, il avait fait taire l'autre lâche et pouvait lancer les engrenages de son plan, et rien ne pourrait l'arrêter, il saurait gagner la partie facilement. La princesse s'était enfui et demeurait pour lui une lâche dont la folie n'était pas complète, lui il était complet. Et il saurait la faire craquer. Il l'isolerait et la détruirai. Lorsque la psychologue lui posa la question, lorsqu'elle lui demanda qui lui avait fait ça, il n'avait pas prévu de lui répondre directement, pour accentuer l'impression de peur qu'il ressentait face à la personne qui lui avait fait ça.

Mais elle débarqua, elle venait tout faire capoter, pourquoi était-elle là ? Techniquement elle devrait dormir profondèment, sans le géner, sans obtenir la confiance de Viara. D'un coup, il devait totalement changer ses plans, il ne prit pas la peine de la maudire ... Son plan était trop parfait pour qu'elle puisse d'une quelconque manière gagner la partie. Au vu de sa personnalité, personne ne la croirait. Lui avait commencé la conversation avec sa bonne personnalité, celle qui pouvait être prit en pitié, celle qui mettait en confiance.

Les parties d'échec c'étaient ça, l'imprévu.

Isaac leva la tête pour faire semblant de la remarquer à l'instant et écarquilla les yeux, et d'un coup, ses yeux brillèrent, il allait recommencer à pleurer. Il s'agenouilla pour reculer, tomba en arrière et se releva pour reculer encore plus et se "prit" les pieds dans une racine et chuta une nouvelle fois.

"Je ... Je ... Oui .. Laissez moi ..."

Le docteur prit l'air paniqué, sans pour autant le faire paraître anormal.

Déjà que la situation était tendue, voilà qu'Amber ramenait sa fraise. Josh la vit arriver doucement, et engagea la discussion avec Viara. Il ne sut pas dire si elle ne l'avait pas vu, où si elle n'en avait rien à faire. Par contre, il était impensable que cette demoiselle n'ait pas vu que Isaac et Viara étaient occupés. Il devrait découvrir pourquoi elle était intervenue, alors qu'elle aurait très bien pu retourner dormir. Ils avaient peut-être des antécédents tous les deux. Ou tous les trois en comptant le fait qu'Isaac était... Disons qu'il avait une personnalité à deux facettes très différentes. Josh n'avait vraiment pas l'habitude de toutes ces histoires. Et pour ce qu'il en savait, le jeune homme avait peut-être plus d'un colocataire sous le ciboulot.

Avec cette arrivée, il en aurait presque oublié le sujet initial de sa présence. Isaac semblait toujours prostré au sol, apeuré. Lorsqu'il aperçut Amber, ses yeux s'ouvrirent sous l'effet de la surprise, et alors qu'il tentait de reculer, trébucha sur une racine. L'adolescente serait donc la fautive? Elle aurait mordu un autre patient? Bien que ça ne lui ressemble pas, tout était possible avec elle, ou presque. Quelle serait la réaction de Viara? Cette petite séance d'observation se révélait bien plus intéressante qu'il n'avait pu l'imaginer. Bon, si la gamine l'avait si soigneusement ignoré, il pouvait espérer qu'elle continuerait. Josh était vraiment curieux de voir comment la psychologue s'en sortirait avec deux patients. Qui ne s'entendaient visiblement pas du tout.

Amber remarqua que le malade mental cherchait à rejeter la faute sur elle en feignant la peur. Elle savait qu'il faisait semblant, elle reconnaissait cette lueur malsaine qui brillait dans ses yeux. La même que la dernière fois.

"Regardez ce qu'il fait, vous comprenez ce que je veux dire par "peur de sa réaction à lui" ? J'aimerais bien l'aider, mais je ne suis pas qualifiée pour ça. Et de toute façon, il semble avoir peur de moi. Peut être que l'une de ses personnalités m'associe à l’événement passé."

En faisant quelque spas en arrière pour laisser le champ libre à la psychologue et également pour faire comme si elle voulait qu'Isaac se calme, elle regarda derrière elle et simula une réaction de frayeur lorsqu'elle aperçut Josh. Evidemment elle savait qu'il était là depuis le début.

"Oh ! Excusez-moi, je ne vous avez pas vu. Je suis descendue en dehors des horaires parce que le son de la balle frappant le mur m'a réveillé. Je suis désolée. Vous voulez peut être que je remonte dans ma chambre ?"

Alors qu'elle tentait d'établir le dialogue avec le patient blessé, une jeune demoiselle blonde arriva sans crier gare. Malgré sa surprise, Viara ne laissa rien voir. Tiens, encore une patiente qu'elle n'avait pas encore eu le bonheur de rencontrer... Cela se réglerait vite. Apparemment, l'adolescente semblait connaître l'homme aux deux facettes. Ce dernier eut une réaction de peur violente à la vue de celle-ci. Ceci n'annonçait rien de bon. Rapidement, elle avisa la demoiselle. Elle semblait désolée. Mais cela sonnait faux. Que se tramait-il ? Cela ne plaisait pas du tout à la bulgare, qui se sentait de moins en moins à l'aise (sans pour autant le montrer, il lui fallait rester le plus neutre possible pour ne pas les alerter.

Ses yeux revinrent se poser sur le jeune homme alors qu'elle lui donnait quelques informations sur l'homme en question... Elle ne sentait point en confiance, entourée de deux internés, sans personne pour l'aider... Et s'ils avaient prévu leur coup, tous les deux ? Non, elle ne devait pas penser à ça. Elle se devait de gérer les deux... les trois ici...

Le patient ne semblait point vouloir se calmer, et trembler telle une feuille au vent face à la jeune fille. Cela n'aidait pas la psychologue dans son travail. Il se renfermait, à coup sûr. En effet, comme elle l'avait clairement annoncé, il apparaissait qu'il avait peur d'elle. Mais que s'était-il passé entre ces deux-là pour qu'une telle peur s'installe ? Même si Viara voulait croire à ce qu'il se disait, et se faisait, un gros doute subsistait.

« Merci pour ces informations, jeune fille. »

A cet instant, la patiente se recula quelque peu afin de laisser Viara faire son travail. Elle posa lentement une main sur une de jambes du jeune homme. Ce fut un geste doux et rassurant.

« Elle s'éloigne, regarde, n'aie plus peur. » Sa voix était toujours aussi douce.

Mais alors qu'elle tentait de calmer le patient, la blonde se retourna et s'adressa à une nouvelle personne. Légèrement prise de panique, la jeune femme tourna également la tête et sans le vouloir, resserra faiblement ses doigts autour sa jambe. Son corps l'avait trahi... D'un geste preste, elle ramena son visage en face du blond, guettant sa réaction, tout en retirant sa main... Un peu trop rapidement peut-être...

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Quelle peste malgré tout ... Elle venait perturber son monde avec sa jeunesse et sa stupidité ... Elle perdrait, elle ne pourrait rien faire contre lui, tous ses pions étaient en place, et elle ? Qu'avait-elle en place ? Si Isaac pouvait mettre en échec son roi si facilement, il n'aurait aucun mal à obtenir son échec et mat.

"Je ... Je .... "

Le docteur porta ses mains à sa tête et se blottit entre ses jambes tandis que la psychologue se rapprochait, lorsqu'elle fut assez proche, il releva d'un coup sa tête.

"Comment voulez-vous sauver quelqu'un si vous ne le comprenez pas !?!"

Isaac fit mine de porter la main vers Viara et la retira subitement.

"Non ! Ne lui fait pas de mal ... Je t'en prie ... Elle ... Elle voulait m'aider !"

"Comment peut-elle t'aider !?! Elle ne comprend rien, et je ne laisserai pas cette peste blonde faire des dégâts sur mon corps !"

"Mais ... Mais ...."

"Tu ferais mieux de disparaître, tu es trop faible, même pour demander de l'aide ..."

"Laisse ... Laisse-moi !"

"Je ne lui ferai rien, ce n'est pas dans mon intérêt, mais elle est aussi inutile que toi, si je prends encore des coups, je te tuerai, elle et tous les autres aussi !"

"Ne leur fait pas de mal ..."

Le docteur recula encore et reprit la même position foetale, en se balançant pour faire croire qu'il tentait de se rassurer tout seul.

"Ne lui fait pas de mal ..."

C'était un coup risqué à jouer, mais si elle était ce qu'elle devrait être, une psychologue à l'écoute, elle chercherait à comprendre, et si elle s'y prend bien, le chef de la sécurité ne bougerait pas et entendrait leur conversation. Cela attirerait l'attention à coup sûr et il pourrait sortir l'histoire du scalpel, bouclant la boucle que constituait son investissement à long terme.

Viara tentait de faire abstraction de toute distraction autour d'elle. Elle devait oublier Amber et Josh. La personne qu'elle devait comprendre sur l'instant était la grand blond. Celui-ci semblait en proie à de graves conflits intérieurs... Alors que l'un était tout à fait agressif, l'autre était totalement dominé et faible. Faible, c'est ainsi que l'une des deux facettes de sa personnalité traitait l'autre. Il paraissait complètement bouleversé et se recroquevilla sur lui-même pour effectuer un mouvement de balancement. Il essayait de se calmer. La jeune psychologue ne pouvait pas le laisser ainsi.

Lentement, mais sûrement, elle avança ses mains du visage du patient avant de les pousser en douceur sur ses joues. Pour le moment, elle devait aider la partie dominée à reprendre le dessus. Il ne voulait pas qu'il fasse de mal à qui que ce soit ? Il devait être plus ferme que cela. Il devait s'imposer. Se faire respecter. La bulgare prenait un grand risque, elle le savait. Mais c'était, selon elle, le seul moyen pour l'instant. Elle ne pouvait entreprendre de mater sa facette en furie maintenant. Elle n'était pas dans le bon environnement pour cela. Il lui faudrait du temps pour s'adresser à cette face plus sombre du patient. Elle désirait, tout d'abord, aidé la face plus faible afin qu'elle ne le soit plus.

« Affirme-toi. Ne lui laisse pas prendre le dessus. Tu es plus fort que ça. Impose-toi. Tu ne désires faire de mal à personne, tu ne feras de mal à personne. Tu n'es pas faible. Ne l'écoute pas. Ne le crois pas. Tu es tout aussi puissant que lui. Tu n'as qu'à prendre la place qui te revient de droit. »

Sa voix s'était voulue plus ferme qu'à l'accoutumée. Elle l'avait forcé à le regarder droit dans les yeux. Son débit de paroles avait été assez lent pour qu'il intègre ce qu'elle avait à lui. Cela devait s'ancrer en lui. La jeune femme n'avait jamais eu affaire à ce genre de cas de schizophrénie. Jamais d'aussi violent. Ainsi pensait-elle que les deux facettes devaient s'accorder, sans qu'une écrase l'autre, aidant ainsi le patient à mieux vivre avec ses deux ''lui''.
La réaction du second ''lui'' pouvait être violente. Elle le savait. Mais désormais, elle pouvait prendre tous les risques possible, Josh étant présent, il pourrait vite intervenir. Mais elle espérait tout de même qu'elle accomplissait son travail de manière tout à fait convenable, et que l'aide d'une tierce personne n'était pas nécessaire.

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*Elle était inutile, comme tous les autres, pourquoi ne posait-elle pas les bonnes questions ? Si j'arrivais à piéger la princesse, elle ne le supporterait pas, surtout si j'arrive à me glisser là-bas, afin de lui laisser quelques mots par rapport à ses parents. Mais la folie pouvait patienter, je saurais me débarrasser d'elle d'une façon ou d'une autre, avec cette psychologue ou pas. D'ailleurs, il faudra que je lui règle son compte à elle aussi, mais chaque chose en son temps*

-"Je ... Ne peux rien faire ... Ils sont après moi, tous après moi ... Mais moi je ne veux pas me faire mordre ... je ne veux pas souffrir à cause de lui ... Ou a cause ..."

*Il fallait que je laisse planer le doute, mais pas trop, afin qu'elle arrive vite à la conclusion suivante: il fallait qu'elle en vienne à Amber.*

-"Ou a cause d'elle ..."

*Voilà ... Il faut qu'elle comprenne.*

Isaac regardait la psychologue, les larmes aux yeux, il cherchait à se dégager légèrement. Il ne devait pas être trop violent ... Il devait être soumis comme le lâche, sinon son plan ne fonctionnerait pas du tout. Le vent soufflait dans ses cheveux, son air de chien apeuré n'en était que plus grand. Il faisait froid et le Docteur grelottait doucement, tout doucement, mais assez pour montrer qu'il avait accumulé du stress.

*Ne réagirait-elle pas à cela ? Si oui, il faudrait que je parte au plus vite, c'était inutile que je perde mon temps avec elle si elle ne servait à rien dans mon plan. Qui pourrait l'aider dans ce cas ? Josh peut-être ? Il n'était pas loin, en tant que chef de la sécurité, il devait faire quelque chose pour vérifier ce que je disais. Au moins voir ses blessures.*

-"Je ne peux pas lutter contre eux ..."

-"Ou a cause d'elle ..."

Amber était très attentive à ce qu'il se passait. La scène pouvait tourner à son désavantage. Mais il y avait peu de chance :
Pour commencer, Amber avait semé le doute dans la tête de Viara et de Josh, il ne fallait pas oublier qu'Isaac aussi était un psychopathe et le fait qu'il se soit mordu était tout à fait plausible.
En suite, des deux c'était elle qui paraissait la plus lucide. Pour la simple raison que l'autre malade était en pleine crise. Il oscillait entre ses deux personnalités et on ne pouvait se fier à aucune d'elle de peur de se faire piéger par le docteur. Et ça, le personnel le savait très bien. Il commettait lui aussi des erreurs, en se croyant parfait. Il est trop sur de lui.

Amber n'insista pas, elle ne rajouta rien, sinon là ça aurait pu être de trop. Si elle cherche à trop se camoufler derrière le "il m'associe à la scène" on allait finalement la prendre pour la fautive.

L'adolescente se contenta donc d’écarquiller les yeux et de prendre une expression de frayeur -pas trop poussée- et elle recula de deux pas pour venir derrière Josh faisant croire qu'elle voulait se protéger de ce fou. Elle agrippa la veste de Josh d'une main comme pour se rassurer. Peut être que Josh était papa, peut être qu'il était seulement oncle. Quoi qu'il en soit, il devait techniquement se sentir obligé de la protéger. Elle n'était qu'une fille de 16 ans.

Au final, qui croirait-on ? Une gamine apeurée ou un malade qui passe son temps à dire qu'il aime le sang ?

La situation était plus que difficile à gérer. Le contexte ne se prêtait guère à un première rencontre de ce type, et pourtant, c'était bien le cas. Elle essayait de garder son calme. La jeune psychologue avait la mauvaise impression d'être prise pour une idiote tant par l'homme contre l'arbre que par la blonde qui se réfugiait derrière le chef de la sécurité. Et d'ailleurs, celui-ci ne pouvait pas l'aider !? Bon, c'était elle le médecin ici mais il voyait parfaitement bien que le contexte n'était pas l'idéal pour une première consultation... Mais peu importe. Elle devait rester professionnelle et ne pas s'emporter, ce qui n'était pas une tâche facile.

Les deux patients se connaissaient, c'était désormais une certitude. Et malgré la présumée innocence de la blonde, Viara se doutait qu'elle était impliquée dans cette affaire de morsure. L'avait-elle mordu ? L'avait-elle forcé ou convaincu de se mordre ? La bulgare ne le savait pas. Et ne le saurait sûrement jamais.
La situation commençait à l'agacer au plus haut point. Comment, oui comment, faire en sorte de savoir à qui elle avait affaire en face d'elle ? Face dominée ? Face dominante ? Une idée lui vint. Mais c'était impossible. Totalement impossible. Mais pourtant c'était la seule solution pour savoir qui elle avait en face d'elle. Elle risquait gros, très gros, et le savait parfaitement. Mais que faire face à un cas pareil ?

« Bien sûr que si, tu peux lutter. »

Ton ferme et strict.
Et une légère gifle accompagna la phrase, histoire de le faire réagir. Répondra ou répondra pas au ''coup'' ? Tout cela était peur professionnel, mais risquait de se révéler très utile. L'agressif lui retournerait peut-être la gifle, et ainsi saurait-elle à qui elle a affaire et agirait en conséquence.

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Isaac se prit la gifle de plein fouet, ferme, efficace, enfin dans le but qu'on lui avait donné.

Cette claque avait beaucoup trop de sens au goût du docteur et cela ne lui plaisait pas, tout d'abord, elle se croyait assez à l'aise pour se permettre de frapper un patient qu'elle n'avait jamais vu. Elle avait aussi montré qu'elle ne vérifierait rien par rapport au scalpel, il perdait son temps avec elle, il n'obtiendrait rien, et elle non plus. Un éclair d'énervement passa dans les yeux d'Isaac, mais trop furtif pour que l'on remarque le moindre changement de personnalité. Il récupérait peu à peu son sang froid, la tête légèrement penché sur la droite.

*Tu aurais déjà mes mains autour de ton jolie petit cou si je n'avais pas le chef de la sécurité derrière un arbre et une folle qui n'attendait que ça ...*

Isaac tenta de conserver son air apeuré et, en un geste précis, rapide et bref, il poussa Viara et en profita pour s'enfuir dans le sens opposé de Josh Dempson, qui n'attendait qu'un geste brusque pour lui sauter dessus et l'envoyer au tapis. Mais l'instabilité du lâche et son incommunicabilité couvrirait son acte.

Le temps s'était suspendu. Sa respiration s'était arrêtée. Pendant un court instant, elle regretta son geste réalisant l'ampleur des conséquences tout d'un coup. Elle avait été bien imprudente, pensant que le chef de la sécurité allait apeurer un patient. Ils étaient tous insensés, et n'évaluaient pas la portée de leurs actes, alors comment pouvaient-ils connaître la peur ? Cette peur ?

Mais sa réaction la surprit tout à fait. Non, il ne lui avait rendu le coup, il avait affiché un air plus qu'apeuré avant de la pousser afin de se dégager de son emprise et de s'enfuir.*Non, non, non ! Tu ne vas pas m'échapper comme ça, toi !* Question de fierté mal placée sûrement, la bulgare ne désirait pas qu'il lui échappe de la sorte alors qu'elle donnait sa première – aussi étrange soit-elle, consultation. De surcroît, il lui filait entre les doigts devant une patiente et le chef de sécurité ! Non, cela ne se passera pas ainsi.

D'un bond agile, elle se releva et le prit en chasse. Il n'irait pas bien loin, elle en était certaine. Elle le rattraperait vite. Bonne sportive, il était facile pour Viara d'adapter une allure rapide pour sa course. Sans se soucier des deux spectateurs, elle se lança à sa poursuite. Elle se devait d'en savoir plus, de comprendre ce patient qu'elle n'avait pas rencontré auparavant. Elle enrageait d'ailleurs, de l'avoir rencontré dans un tel contexte. Comment allait-il s'ouvrir à elle désormais ? Les rapports entre eux risqueraient d'être fort complexe...

Amber observa passivement la scène. Écarquillant les yeux de surprise (ce qui pour une fois n'était pas une simulation). L'imbécile, comment voulait-il qu'on le croie maintenant qu'il montrait bien qu'il était complètement fou. Bien plus fou que l'adolescente effectivement. Cette dernière était d’ailleurs la seule à ce réjouir de la scène. Le voilà qui perdait toute crédibilité.
Elle avait gagné, du moins cette manche.
Amber resta ou elle était, ne faisant pas attention à Josh. Ne remarquant même pas s'il s'était lancé à la poursuite de l'autre malade.

Elle suivit des yeux Isaac qui partait en courant. Celui-ci se retourna un instant vers elle. Amber pu lire la frustration qui animait son regard. Pour toute réponse elle lui fit par un grand sourire nargueur suivit d'un baiser silencieux envoyé avec la main. Par pure gratuité. Dans le seul but de l'énerver et de lui prouver que c'était elle qui menait la danse pour l'instant.

"A charge de revanche..."

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Isaac reçut le baiser d'Amber comme une défaite, mais ne disait-on pas que les êtres humains apprenaient de leurs erreurs ? Et il venait d'apprendre de la sienne, le docteur venait d'avoir une idée. En voyant Viara le suivre, il comprit que sa tentative n'avait pas fonctionné parce que l'autre folle était là, mais maintenant qu'elle pensait avoir gagné, maintenant qu'elle savourait sa première victoire, elle ne le suivrait pas, cela paraîtrait trop étrange.

Donc, si Isaac parvenait à amener la psychologue à distance et faire mine de perdre son avance, il pourrait lui parler tranquillement et se faire passer pour beaucoup plus sain qu'il n'était. Il pourrait tout lâcher d'un coup, sous l'effet de la pression des derniers évènements, cela semblerait normal qu'il se livre alors qu'une personne du personnel tentait de l'aider. Malgré tout, de par son émotivité très forte, en tout cas celle du lâche qu'il devait simuler, il pourrait passer pour un enfant et cette stupide Viara ne comprendrait encore absolument rien.

*La balle est encore dans mon camp, mais tu as tourné le dos ... Tu vas être ma prisonnière ...*

Le docteur courait donc pour fuir la femme qui le poursuivait, et au fil des secondes, sa foulé diminua, son souffle devint irrégulier, tandis que Viara allait toujours aussi vite. La distance diminuait, Isaac essayait de faire tenir la course poursuite pour qu'elle soit un minimum plausible. D'un coup, il bifurqua et se planqua derrière un arbre, cela ne serait pas trop utile mais il devait faire croire qu'il la fuyait ...

Il ne fallait absolument pas qu'elle le perde. Non, surtout pas. Même si les événements à suivre n'allaient pas être des plus simples, elle se devait de rester la professionnelle qu'elle était. Et pour cela, elle ne devait pas le laisser filer de la sorte. Elle continuait alors sa course-poursuite sans réduire l'allure. Elle était une forme impeccable, elle aurait pu tenir le rythme un grand moment encore. Mais lui aussi semblait plutôt bien en forme bien qu'il soit rare que les patients fassent du sport dans un tel endroit. C'est qu'il va me faire faire le tour de l'île celui-là ! Se dit-il intérieurement tout en continuant sa course.

La psychologue n'avait pas remarqué qu'elle s'était dangereusement éloignée de Josh et qu'à la distance où il se trouvait, il ne pourrait, pour sûr, pas agir rapidement s'il lui arrivait quoi que ce soit. Mais étrangement, Viara se sentait en confiance. Excès de confiance en soi ? C'est une possibilité.

Elle courait toujours à la même allure sans se rendre compte qu'Isaac avait ralenti le rythme. C'est ainsi qu'elle le heurta de plein fouet, alors qu'elle détournât le regard une demi-seconde. Elle fut alors propulsée en arrière, sur le postérieur, puis sur le dos, et pour finir en beauté, se heurta la tête contre le sentier. Situation fort gênante pour la bulgare qui se retrouvait gisant sur le sol à moitié sonnée...

Ses idées n'étaient plus claires. Le coup qu'elle venait de recevoir avait été malgré tout assez violent. Au vu de l'allure à laquelle elle gambadait cela ne semblait pas très étonnant. La seule chose qu'elle se demandait en for intérieur était qu'elle allait être la réaction du patient. Profiter pour fuir ? L'étriper maintenant qu'il en avait l'occasion ? Ou plus étrange : l'aider ?

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Isaac avait couru, couru et encore couru, il ne s'était arrêté qu'après avoir estimé qu'il avait mis une bonne distance entre eux et leur ancienne position. Mais la psychologue avait bifurqué et lui avait foncé dedans, pris au dépourvu, le psychopathe chuta mais ses réflexes lui permirent de se rattraper in extremis. Ses mains plongeant dans la terre meuble il esquiva de peu la chute mais vit Viara s'effondrer sur le sol. Le docteur se remit debout, s'essuya les mains et épousseta sa blouse blanche.

Le malade laissa totalement de côté l'imitation de la larve et laissa place à sa propre personnalité, à son propre énervement.

*Ces incompétents m'énervent totalement, j'en ai marre de devoir souffrir leur stupidité ... Mais je n'ai pas le choix, il faut que j'attende, je ne serai libre qu'une fois débarrassé de l'autre monceau de personnalité ... Je voudrais tellement l'étrangler, planté mes dents dans sa chair et me délecter de ce sang. Est-ce pour ça que l'on me considère comme fou ? Parce que je ne vois mes congénères que comme du bétail ? Ou parce que je suis assez imprévisible pour qu'ils me considèrent comme dangereux ? Ou tout simplement parce que j'ai torturé mon propre père jusqu'à la mort après avoir souillé le cadavre de ma mère ? Ah ... Tellement fou ... et pourtant tellement lucide ...*

"Votre manque de prudence est quelque peu exaspérant ... Comme votre manque de compétence à protéger vos patients, c'est effarant tout le mal qu'on se donne à protéger son enveloppe corporelle sans qu'il n'y ait aucun résultat ..."

Le docteur exécutait une ronde autour de la psychologue, dans l'impossibilité de réagir. N'importe quelle personne sensé n'aurait esquissé un mouvement dans ce genre de situation, quand on sait à qui on a affaire et quand on sait dans quelle situation on se trouve, aucune aide possible et bloquée avec un malade, dans une position peu confortable et pratique. Dans la peau de la psychologue, Isaac imaginait aisément qu'elle comprenait qu'opérer le moindre mouvement dans de telles circonstances pouvaient avoir des circonstances désastreuses.

*J'aimerai vraiment ... Mais il faut que je patiente, elle est à ma merci, mais je me contrôlerai ...*

"C'est triste de savoir que son corps se fait maltraiter et que personne ne bouge pour l'aider ..."

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