Une belle journée s'annonçait. Un magnifique soleil inondait de lumière les salles et les couloirs du CHMI. C'était très agréable. Amber n'avait rien de prévu aujourd'hui. Et elle n'avait pas envie de courir après un animal puisqu'elle avait déjà une souris qui l'attendait dans son tiroir. L'adolescente avait passé une après-midi entière à traquer le rongeur, ça lui avait d'ailleurs coûté un pantalon qu'elle avait déchiré et sali, ainsi qu'un doigt que la sale bête avait mordu.
Bref, elle allait pouvoir lui faire payer. D'autant plus que maintenant elle avait un scalpel ! "Volé" à Isaac durant l'incident du cimetière.

Amber enleva tout ce qu'il y avait sur la petite table qu’Ambroise et elle avaient dans leur chambre et elle recouvrit la surface de papier toilette (pris en quantité) pour éviter de mettre du sang partout. Elle sortit son scalpel, un crayon, ainsi que son carnet à dessin. Elle avait aussi récupéré quelques cures-dent durant le repas et elle avait réussi à faire de la ficelle avec ses cheveux et beaucoup de temps.
La jeune sadique alla chercher son cobaye, elle ouvrit le tiroir, prit le rongeur dans ses mains et le posa sur la table. Alors qu'elle commençait à l'attacher avec la ficelle artisanale, Des pas retentirent dans le couloir. Et se dirigeaient vers sa chambre !
Mince !
C'était peut être Ambroise, mais ça pouvait très bien être un membre du personnel ! Et dans ce cas il valait mieux tout cacher, sinon...
Amber cacha le scalpel au dessus de l'armoire avec les cures-dent et la ficelle en s'assurant qu'ils ne tomberaient pas, mit tout le papier toilette sous son matelas. Elle remit la souris dans le tiroir en marmonnant "tu t'en sors bien, toi !". De toute façon si quelqu'un ouvrait le tiroir et trouvait le rongeur, Amber pourrait faire croire que la souris s'était introduite dedans elle même puisque l'adolescente avait créé un trou dans le bois à l'aide de ses ongles et du scalpel. Simple mesure de précaution. Trou que la souris ne pouvait franchir si le tiroir était fermé.

On toqua à la porte. Amber s'assit en vitesse sur son lit et se mit à dessiner sur son carnet pour faire illusion.

"Euh... Oui ? Ambroise c'est toi ?"

Depuis plusieurs jours, la santé de la jeune Ambroise inquiétait fortement la bulgare. En effet, elle n'avait plus eu de ses nouvelles depuis le fameux accident avec l’absorption de psychotrope sans autorisation. Cherchant pourtant par tous les moyens de se rassurer en se répétant qu'elle était sûrement bien encadrée, cela ne suffisait pas. Non, pas du tout. Elle se devait de vérifier par elle-même, comme elle a toujours l'habitude de le faire.

Ainsi se rendit-elle à la chambre de la fillette. Elle espérait l'y trouver. Mais cela n'était pas sûr. Cette petite était toujours à droite à gauche à faire dieu-seul-sait-quoi. D'un pas déterminé, elle arpentait les couloirs du CHMI, tentant d'être la plus discrète possible malgré ses richelieu noires vernis. La psychologue avait annulé ses rendez-vous de la matinée à la dernière minute. Jake n'apprécierait pas vraiment cela, mais qu'importe. Elle faisait son boulot à vouloir connaître l'état de santé d'Ambroise, après tout. Il n'y avait rien de blâmable.

Une fois arrivée au niveau des chambres des patients, Viara prit le temps de bien regarder les noms sur chaque portes. Bon, elle ne faisait pas partie des grands dortoirs, ne restaient plus que les chambres à deux. Le nom de Leonard la fit sourire quelque peu, il était dans une chambre avec un autre, c'est bien. Lui qui aime le calme, cela doit fortement lui plaire. En espérant que son colocataire ne lui fasse pas des misères. Colocataire russe, qu'elle n'avait encore rencontré en consultation, d'ailleurs. Elle avait encore du boulot... C'est qu'ils sont nombreux ici !

La prochaine chambre était donc la sienne. Une voix s'éleva lorsqu'elle toqua à la porte, mais ce ne fut pas celle d'Ambroise. La bulgare entra tout de même. Amber se trouvait là. *Ah, tiens... Finalement, elle n'était pas venue pour rien. La jeune femme avait deux mots à toucher à l'adolescente. Elle ne l'avait pas revu depuis l'incident du parc, où elle avait feint de n'être qu'une jeune adolescente innocente.

« Non, c'est le docteur Rumen. Tu te souviens de moi, j'imagine. Un temps. Justement je te cherchais, je souhaitais parler de ce qu'il s'était passé dans le parc, l'autre jour. »

Petit mensonge.

« Non, c'est le docteur Rumen. Tu te souviens de moi, j'imagine. Un temps. Justement je te cherchais, je souhaitais parler de ce qu'il s'était passé dans le parc, l'autre jour. »

*Merde ! Me parler ? Pourquoi pas ?*

Oui, entrez.

Amber n'était ps contre cette entrevue. Un, elle pourrait essayer de camoufler au mieux l'incident même s'il était clair que Josh et elle avaient des doutes à son égard. Deux, elle pourrait mieux connaître cette psychologue, et ça ne pouvait qu'être bon. Autant s'en faire une amie ou au moins lui faire croire qu'elle n'est pas si dangereuse qu'on le dis, ça lui laisserait le champ libre pour ses activités.

Amber interrompit son dessin (encore un portrait de ses parents, enfin de sa mère cette fois), posa le crayon et le carnet sur ses genoux et regarda Viara -notant la pointe de méfiance visible dans ses yeux- avec un petit sourire sincère, attendant qu'elle parle.

La bulgare observait attentivement la jeune blonde. Sa question semblait l'avoir quelque peu bouleversée. Pendant quelques secondes l'adolescente paraissait être partie loin. L'instant fut court mais n'échappa pas à la psychologue. Le visage de la demoiselle s'était endurci. *Ses parents...* Elle venait de toucher un point sensible. Elle avait lu dans son dossier que la jeune fille était orpheline. Peut-être que le dessin lui permettait de se rapprocher de ses parents. Une manière de les matérialiser du mieux qu'elle le pouvait. Même si son expression restait inchangé, Viara avait été touchée de sa réponse.

Elle releva les yeux vers la brune, les yeux sombres. Oui, elle avait vraiment toucher le point le plus sensible. La jeune femme en était désormais certaine. Elles ne parlaient plus, elles se fixaient simplement, et cela suffisait. Il n'en fallait pas plus pour qu'elles se comprennent.
Une larme roula sur la joue d'Amber. Le but de la bulgare n'était pas de faire pleurer ses patients, mais les larmes pouvaient aider à se libérer quelque peu, à se sentir moins lourd de tout les souvenirs, et douleurs amassées.

Sans piper mot, la psychologue s'approcha doucement de la jeune femme. Elle se posa sur le lit de la précitée, et déposa délicatement sa main sur son genoux. Même si les psy paraissent être des êtres sans cœur, il n'en est rien. Et l'histoire de la blonde la touchait énormément. Elle espérait qu'elle pourrait l'aider à s'apaiser et à la faire sortir de là... Ces Instituts ne sont pas l'endroit idéal pour la construction d'une jeune adulte.
Viara ne connaissait pourtant pas encore Amber, mais s'attacha à sa cause de manière significative. Elle l'aiderait, elle se l'était promis.

Lorsque la jeune femme posa sa main sur le genou d'Amber, celle-ci se figea. Elle ne s'y attendait pas. Ça n'était pas que ça...
Personne ne lui avait témoigné cette douceur depuis plusieurs années. Qui aurait pu lui montrer une preuve d'amour ou ne serait-ce que de compassion ? Les surveillantes de l'orphelinat ? Sûrement pas ! Elles étaient toutes les mêmes. Aigres, désagréables, strictes et très douées pour intervenir lorsque Amber pratiquait ses expériences...

Bref, ce contact la troubla.
Pas désagréable en soi mais plutôt...inconnu, étranger. L'adolescente se ressaisit et essaya la larme qui menaçait de tomber sur son dessin.

"Vous vouliez donc me parler de cet incident ? Je me trompe ?"