Ce matin-là, le temps n'était pas des meilleurs et la brume recouvrait parfaitement la mer du Nord, l'on n'y voyait rien à trente mètres, ce qui n'était pas pour rassurer Viara. La jeune femme s'était enfin décidée à sauter le pas après moultes débats intérieurs. Elle avait passé une grande majorité de la nuit à voir, revoir, re-revoir son curriculum vitae. Il lui semblait plutôt bien. Oui, elle était assez fière d'elle. Ce qui fut le plus long fut d'attendre le matin, pour se rendre enfin sur cette petite île qui donnaît pas franchement envie par un tel temps.
Mais la jeune bulgare avait pris son courage à deux mains, et elle avait entreprit la traversée de cet espace entre le pays et l'île. Très sincèrement, elle avait la mauvaise impression de se retrouver au bord du Styx, sur la barque de Charon. Rien de bien rassurant, n'est-ce pas ? Mais ceci -comme toutes autres émotions, elle ne le laissait transparaître. Un air neutre, voire froid trônait sur son visage de poupée.  

Premier pas sur l'île. Tout d'un coup, Viara se sentit plus légère, une fois sur la terre ferme. Elle remercia rapidement l'homme qui l'avait emmenée jusque là, puis elle arpenta le parc qui bordait l'établissement. Le brouillard se levait doucement, et ainsi, elle pouvait prendre conscience de son nouvel environnement. Enfin, du moins, elle l'espérait. Tout était calme, et apaisant... en apparence.
En face d'elle, se dressait le bâtiment principal. D'une architecture très moderne, cela plaisait assez à la jeune femme. Ses noisettes scrutaient tous les alentours. Un autre bâtiment, moins important, mais tout aussi moderne, et charmant, se plaçait sur le côté. Non, la bâtisse qui l'intrigua et qui lui imposa un temps d'arrêt, fut celle bien en retrait, et beaucoup moins avenante que tout le reste. Mais elle n'y prêta point une très grande attention. Viara apprendrait sûrement très vite ce que renfermait ce lieu isolé...

D'un pas peu assuré, elle entra dans le bâtiment principal. Les talons de ses petits escarpins Amber noir claquant sur le sol ne lui assuraient pas la plus grande des discrétions. Mais cela ne la gênait aucunement. Elle ne s'imaginait pas se présenter en jean-basket le jour de son entretien. Ainsi était-elle vêtue d'une robe bleu-mauve, col en V, à manches courtes, arrivant juste au dessus du genou. *Sobre, mais élégante* s'était-elle dit en choisissant minutieusement sa tenue la veille au soir. Une veste cintrée sombre ainsi qu'un sautoir noir venaient parfaire sa tenue.
Après avoir examiné un instant le plan du bâtiment, elle se dirigea vers le bureau du Directeur. CV dans sa petite mallette, air concentré et sérieux sur le visage, elle était prête à affronter ce nouvel entretien, qu'elle espérait déboucher sur un emploi. Ce dernier, elle l'espérait depuis un an, et ce nouveau rendez-vous était pour elle, sa dernière chance.

Viara retint sa respiration tout en toquant à la porte du bureau du Docteur Hill.

La bulgare n'avait point attendu longtemps, ce qu'elle apprécia fortement. Une mèche remise en place, éclaircissement de voix, avant d'entrer dans le spacieux bureau de celui qui allait être son futur supérieur hiérarchique. Il lui fallait faire donc très bonne impression. Pas question de louper encore une fois un entretien et de partir bredouille... Peut-être devrait-elle sourire ? Non. Trop niais, assurément. Sobriété, simplicité.
Alors qu'elle foulait de peu l'espace du Directeur, elle découvrit un homme fort élégant, en costume soigné, et les cheveux très bien coiffé, installé confortablement au fond de son fauteuil, en pleine conversation téléphonique. Aucune expression apparente, mais pourtant, elle ne peut retenir une certaine pensée. *Mmh, très bel homme, tout de même. Ce ne sera pas désagréable de travailler avec lui* Très vite, il raccrocha, s'avança et posa enfin un regard sur elle.  Main tendue, il attendait qu'elle la lui serre. Ce qu'elle fit alors. Le sourire ne fut point rendu, mais le geste et le regard n'étaient pas froids. Espérons qu'il ne soit pas rebuté face à son manque... d’empathie.

Petit coup d’œil  discret à l'ensemble du bureau. Tout était bien propre, bien rangé, bien classé. Cela démontrait qu'elle avait sûrement affaire à un homme très organisé, et cela lui plaisait. La structure, dans un établissement pareil, devait être de mise. En plus de cela, à la vue de la beauté du lieu, elle espérait en son fort intérieur -si elle est prise, bien évidemment, posséder un bureau aux allures quelque peu similaires... *Eh bien quoi ? L'on a bien le droit d'espérer un bon espace de travail pour s'y sentir bien et être productif, non ?*

La question « bateau » est posée. A-t-elle fait bonne route ? Non, pas vraiment. Mais cela, elle ne pouvait le dire ainsi. Viara ne pouvait se permettre de lui répondre qu'une petite traversée de la mer du Nord en matinée de brume n'était pas l'idéal pour se sentir à l'aise.

« Le temps n'était pas des plus favorables pour la traversée, mais sinon, tout s'est passé sans encombre. Je vous remercie. »

Voilà. De cette manière-ci, elle avait tout de même annoncé son mécontentement vis-à-vis du temps, mais par cela, elle avait prouvé que toute cette brume ne l'avait pas empêchée de venir jusqu'ici. Elle espérait que cela fasse partie des preuves exposant au Directeur qu'elle était motivée pour avoir le poste de psychologue.
Invitée à s'asseoir dès son arrivée, elle avait, tout d'abord, pris le temps de le saluer comme il se doit, avant de se placer dans le fauteuil désigné. Mallette posée à ses pieds, prête à être ouverte pour y sortir son CV, plis de sa robe ajustés, l'entretien pouvait débuter.

[Désolé pour la qualité du message, je suis sur mon Blackberry et c'est pas ce qu'il y a de plus pratique !]

Eh bien, eh bien, eh bien ! Médecine à Cambridge, première de sa promotion... Et un diplôme en sciences avec tout ca. Si Jake avait parfois des doutes sur les compétences de certains de ses collaborateurs, concernant celle-ci, il partait d'un excellent a priori ! A elle seule, elle devait relever significativement le QI moyen de l'établissement, tous habitants confondus.

D'un sourire accompagné d'un hochement de tete, le CV de la demoiselle sous les yeux pendant qu'il l'écoutait, il lui témoigna son respect. Quant a ses expériences passées, il ne lui en tint pas rigueur, connaissant l'état du marché du travail actuel.

"Vous ne devez donc certainement pas manquer de motivation, pour avoir entrepris de telles études. Mais dites-moi, pourquoi postuler comme psychologue plutot que comme psychiatre ?"

Petit sourire en coin, regard vif et tranchant. Elle avait passé la première étape et maintenant, elle devait passer l'obstacle des questions pièges.

"Ne vous semble-t-il pas inutile de travailler de la sorte le patient alors même que les psychotropes font un excellent travail ?"

[Pas de souci, c'est tout pardonné ]

Le Docteur Hill semblait bien heureux à l'ouïr et à la lecture du parcours de la jeune bulgare, ce qui lui fit presque -nous dirons bien presque, puisque cela ne fut pas, décrocher un sourire. Elle était fortement soulagée de ne pas l'entendre la reprendre sur son manque d'activité professionnelle.  Ses brillantes études avaient fini par payer, enfin, elle priait pour que ce soit le cas. Enfin l'on ne l'a traitée plus telle une intello empotée ne sachant rien faire d'autre que de s'abreuver de connaissances dans les livres, et de ne pas savoir les mettre en pratique. Son âge aussi faisait que l'on ne la pensait point assez mature pour sortir de ses livres et affronter la pratique.
Ô, douce et fragile petite Viara... Tout ceci était bien longtemps désormais. Elle avait maintes fois prouver qu'elle n'était pas cette petite niaise que tout le monde imaginait. Elle avait cloué le bec lorsqu'elle avait décroché un stage pratique dans l'un des plus grand cabinet de psychiatrie/psychologie de la région. S'ils l'avaient choisi, c'est bien qu'elle avait les capacités.

La bulgare était donc toute fière de recevoir un hochement de tête, signe de respect, de la part d'un grand docteur tel que Mr. Hill. Elle prenait enfin sa revanche. Très vite arrivèrent les questions pièges, et, remontée à bloc, Viara savait exactement quoi répondre. D'une voix posée, elle répondit :

« J'ai plus souvent effectué des stages en tant que psychologue, il me semblait alors plus judicieux de postuler dans le domaine de la psychologie. Et puis, dès le commencement de mes spécialités, j'ai tout de suite plus apprécié la démarche d'un psychologue que d'un psychiatre. La suite s'enchaîna avec fluidité et logique, et répondait, de surcroît, à la question suivante. En effet, en tant que scientifique, il me faut élaborer un diagnostic précis avant d'envoyer mon patient vers un spécialiste qui pourra lui administrer le traitement qui lui conviendra au mieux. Le travail d'un bon psychologue est donc de discuter, et surtout d'écouter le patient afin d'en apprendre plus sur lui et sa personnalité, et de trouver une solution adaptée à son cas. C'est cette perpétuelle recherche qui me motive, et qui me fascine, en un sens. Un psychiatre traite et tente de prévenir des maladies mentales et autres troubles psychologiques. Même si l'on pense qu'un psychiatre effectue un vrai diagnostic, ce n'est pas souvent le cas, et celui qui se penche sur le pourquoi du comment, est souvent psychologue également.
Il est, certes, très intéressant de chercher quel psychotrope conviendra le mieux au patient, et lui prescrire. Mais avant de lui donner la bonne pilule à avaler, il faut en savoir plus sur les troubles qu'il a, et un psychologue est là pour ça. En outre, je pense également qu'il est nécessaire que le patient ait un soutient psychologique lors de son traitement, afin que les effets secondaires ne soient pas trop violents. Je ne critique en rien les psychotropes, je les trouve même très efficaces – mais il faut un accompagnement à la personne. Ainsi le psychologue et le psychiatre travaillent main dans la main pour assurer le 'bien-être', si je puis le dire ainsi, de leurs patients. »

Sa voix s'était voulue polycorde afin de ne point ennuyer son auditeur. Viara savait exactement s'y prendre pour ne pas rendre sa tirade soporifique. Elle avait, par contre, le défaut de rester extrêmement froide, et de paraître limite hautaine. Étant sûre de la pertinence de sa réponse., elle avait abordé une assurance qui pouvait fortement déplaire et être prise comme un excès de confiance en elle.

Alors là, pour une surprise, c'était une surprise ! Elle qui pensait repartir en ayant entendu la rengaine habituelle : « Nous vous rappellerons afin de vous tenir au courant. », elle allait pouvoir montrer tout ce de quoi elle était capable. Pendant un mois, et tout le reste du temps, cela va sans dire – elle serait plus que brillante afin de prouver qu'elle a bien sa place dans cet établissement. Il la rassurait, de surcroît. Que pouvait-elle demander de plus ? La jeune femme était aux anges. Enfin elle sortirait de cette étiquette d'éternelle étudiante qu'on lui avait placardé sur le front.
Un nouveau et large sourire s'afficha sur les lèvres du Docteur. *Allez, fait de même, Viara. Allez, un petit sourire, juste un petit sourire...* Furtif rictus... Moui, pourrait mieux faire, mais ne lui en demandons pas plus pour le moment. *Bon, il devra se contenter de ce... semblant de... sourire.*

Rapidement, il lui apporta le formulaire à remplir et tous les papiers allant avec. *Eh... Cela annonce une bonne soirée, tiens...*

"[...] je suppose que vous n'êtes pas venue avec vos valises !"

Comment dire... Effectivement, non, elle n'avait aucune affaire avec elle. Viara ne pensait pas faire si bonne impression que cela. Mais dès demain, à l'aube, elle aurait tout ce qui lui faut pour 'emménager' ici. Il n'était pas question qu'elle porte les vêtements d'une personne qui lui était inconnue. En plus de cela, les tissus proposés ne lui plairaient pas, à coup sûr.

« Je m'installerai demain, je reviendrai avec mes bagages. Ne vous préoccupez pas de cela. »

Un rapide coup d’œil au fascicule avant de le ranger soigneusement dans sa mallette noire. De se lever lentement, et de lui faire face alors qu'il lui faisait part de son prénom et lui proposait de faire un tour du propriétaire. Un instant d'hésitation ? Certainement pas ! La bulgare ne refuserait aucunement de faire un tour des lieux en compagnie du Directeur de l'établissement. Quelle classe, tout de même, non ? Avoir l'homme au plus haut poste comme guide ! Viara était ravie. Cela se verrait-il dans ses yeux ? Mmh, presque ! Encore un petit effort...

« Oh, eh bien, oui. J'accepte volontiers une visite. »

Le ton était quelque peu enjoué. Et c'était voulu, et contrôlé. Il lui fallait être avenante avec son nouveau supérieur hiérarchique, tout de même. D'autant plus qu'il est assez bel homme, elle ne pouvait que tenter de lui plaire... Enfin, de lui plaire, c'est une façon de parler, bien entendu ! N'allez point songer à autre chose, voyons...

Il était de son avis. Les patients attendraient. Pour le moment, ils passeraient un temps entre tout frais collaborateurs, à déambuler dans les couloirs afin que la bulgare prenne ses repères. Jake prit le temps de lui expliquer convenablement, et Viara lui prêtait grande attention. Il était de ces hommes qui attirent l’œil et l'attention, que l'on écoute lorsqu'il commence à parler. Ainsi, c'est lui qui usa son temps de parole pour un bon moment. Chacun son tour. Il semblait bien heureux de sortir de son bureau et de changer ses habitudes pour quelques minutes. Il est vrai qu'il devait être assez débordé s'il devait assumé trois postes simultanément. Directeur. Psychiatre. Psychologue. Cette petit visite guidée était peut-être une sorte de pause dans tout ce remue-ménage temporaire. Bien heureusement pour lui, la jeune femme était désormais là, et il pourrait enfin se délester du rôle de psychologue.

Ils sortirent du bâtiment principal pour se diriger vers le pavillon juste sur le côté qu'avait remarqué Viara lors de son arrivée. C'est donc ici qu'elle logerait. Bien, cela lui paraissait pas mal. Tout comme son futur bureau, elle prendrait le temps d'examiner les lieux.
Une chambre spacieuse, avait-il dit ? *Mmh, je pourrai alors peut-être emmené Darko... * Qui est Darko ? Son animal de compagnie quelque peu étrange...
Un iguane bleu.
Eh bien quoi ? Viara ne paraît pas assez fantasque, et beaucoup trop conventionnelle pour apprécier la compagnie de reptiles ? Pourtant ils étaient son espèce préférée, et avant d'acquérir son beau Darko, elle possédait une horde de petits lézards.

Elle espérait que cela serait possible. Qu'elle ne serait pas obligée d'aller le confier à un ami qui se ferait une joie de le disséquer par pure curiosité scientifique.  Un silence s'installa entre les deux jeunes gens, Viara ne savait comment formuler sa demande. Puis elle se lança.
Il avait toujours ce sourire légèrement charmeur sur les lèvres, était-ce, peut-être, justement un laisser-passer à toutes demandes qu'elle formulerait.
Qui ne tente rien n'a rien.

« Est-il possible de ramener un quelconque animal domestique, s'il ne sort pas du studio ? Si je ne peux emporter le mien avec moi, je serai contrainte de le vouer à une mort certaine en le confiant à un ami qui a pour manie de disséquer tout ce qui bouge... Que voulez-vous, ''c'est la science et la découverte qui veulent ça'', dit-il. »

Dévoiler un peu sa vie personnelle afin de l'émouvoir et ainsi obtenir son autorisation ? Pourquoi pas s'était-elle dit. Éprouverait-il une légère once de compassion pour une jeune femme déchirée de devoir abandonner son pauvre et si fragile animal ?

"Soit. Si l'attente vous plaît !"

Et hop ! En route mauvaise troupe, le psychiatre directeur et la jeune psychologue quittaient le pavillon résidentiel pour se rendre à l'embarcadère. Ils traversèrent d'abord le parc et son sous-bois, Jake lui indiquant l'âge de certains des arbres qu'ils croisaient, détournant subtilement son regard du petit cimetière visible au loin dont l'histoire était des moins charmantes. Personne n'avait envie de s'entendre raconter des histoires de femmes s'écorchant l'intérieur du vagin avec des cintres rouillés et mourant d'hémorragie ou encore de fillettes perdues lors d'opérations de lobotomie. Le passé avait beaucoup à gagner à rester ignoré.

Pendant cette petite promenade touristique, alors que d'une main il désignait les différentes espèces de conifères et que de la bouche il dissertait sur leur histoire, il tapait de son autre main un petit message à l'intention de son camarade de longue date le capitaine du petit bateau à moteur. En substance, voici le-dit message :

Citation :

Bouge tes fesses, camarade ! La jolie brune repart, ce serait dommage qu'elle attende. T'auras du café chaud la prochaine fois, promis.

Avec un peu de chance, son copain plus silencieux qu'une tombe (et avec lequel, pourtant, il partageait tellement) serait amadoué par la promesse d'une collation future et lui ferait le plaisir de se pointer rapidement. Après tout, c'était son seul job et il était payé grassement !

Enfin, ils arrivèrent au bord de la plage qu'ils longèrent pour parvenir jusqu'à l'embarcadère où ils patientèrent quelques minutes, discutant de la beauté des natures sauvages et abandonnées. Enfin, un bruit distinct de bateau à moteur perça le son redondant des vagues qui se brisent sur les galets et la petite embarcation vint accoster. Depuis sa cabine, le capitaine lança un regard désapprobateur au directeur qui lui répondit d'un sourire insolent. Se tournant ensuite vers sa charmante collègue, il lui dit :

"Eh bien, vous voyez ! Vous n'avez même pas à attendre bien longtemps ! Le monde n'est-il pas merveilleusement agencé ?"

Derrière eux, le capitaine fit sonner son alarme, en signe d'impatience.

"On vous attendra demain !"

La petite balade prenait fin. Mais encore deux minutes. Rien que deux petites minutes. Ils passaient le Parc où le Directeur se plaisait à étaler sa science à Viara, qui était tout ouïe. Il semblait être bien au fait de toutes les espèces d'arbres qui trônaient dans ce sous-bois. Ses chaussures n'étaient pas très appropriées pour cette petite visite, mais elle ne se plaignait pas. Il y a des avantages et des inconvénients à vouloir se faire belle...
Ils arrivèrent vite sur la plage de galets. Alors qu'elle pensait qu'il la laisserait là afin de retourner vaquer à ses occupations, la laissant ainsi seule pour attendre le bateau, ce dernier arriva peu de temps après leur arrivée.

"Eh bien, vous voyez ! Vous n'avez même pas à attendre bien longtemps ! Le monde n'est-il pas merveilleusement agencé ?"

Coup de chance ? Mmh, non, elle ne pensait pas. Ainsi comprenait-elle qu'il avait sûrement du envoyer un message au capitaine pour qu'il vienne rapidement l'embarquer. Ne lui avait-elle pas dit que cela ne la dérangeait pas ? Certes, cela semblait partir d'un bon sentiment, elle ne dirait pas le contraire, mais bon... Elle ne supportait pas que l'on fasse une chose, qu'elle a refusé au préalable.

« Merci de m'avoir accordé de votre temps, Jake. A demain. »

Et de serrer la main du Docteur avant de monter à bord, en se faisant aider par le capitaine, à qui elle adressa un hochement de tête en guise de remerciement. A cet instant, elle se retourna vers le Directeur, qui n'était pas encore parti, et planta ses noisettes dans ses pupilles claires, avant de lui dire :

« - Oh, au fait, je m'app...
- Mademoiselle Romen ! Mademoiselle Romen ! Votre sac, votre mallette ! »

Au même moment où elle venait de se faire couper la parole, elle vit courir une femme d'un certain âge, n'ayant point une grande forme physique au vue de sa façon de courir et sa voix essoufflée. La secrétaire tenait entre ses mains les-dits sac et mallette. Alors que la jeune femme aurait pu être heureuse de retrouver ses effets, elle n'avait pu accepter que cette, que cette... cette dame, écorche son nom de famille de la sorte.
La secrétaire désira monter à bord afin de lui donner ses affaires, mais Viara, point vraiment rancunière – ne lui affligea pas l'essai de mise en équilibre. *La pauvre, elle risque de tomber à l'eau vu son... sa... euh, sa bonne corpulence...*

« Ne montez pas. J'arrive. » déclara-t-elle, durement.

Viara, non rancunière ? Quelque peu, si. Quand même. Surtout lorsque l'on s'attaque à son nom de famille. D'ailleurs, elle ne se priverait pas de lui faire savoir.

« Oh, et c'est Rumen. Mademoiselle Rumen. » ajouta-t-elle, le regard fixe.

Le ton s'était voulu ferme, mais loin d'être agressif.  Un dernier eye contact avec le Directeur avant de remonter définitivement sur le bateau. Tant pis pour lui, ce ne sera pas aujourd'hui qu'il apprendrait son prénom. La faute à sa secrétaire, tiens.