[RP Mélina Moose] C'est l'heure de la pillule pour aller mieux!

Leonard était allongé sur son lit, les yeux rivés sur le plafond. Il appréciait d'avoir une chambre seul : son comportement plutôt coopératif dans l'ensemble, et sa courtoisie lui avait permit de se voir accepter cette faveur. Et pour les quelques efforts qu'il avait du fournir, ça en valait la peine. Même si il s'assurait que la pièce soit bien rangée en permanence, il avait pris ses aises. Ses affaires étaient réparties dans tout l'espace disponible. Il se plaisait ici.

Cela faisait plusieurs heures qu'il se reposait, et un coup d’œil à une horloge au mur lui permit de voir que son répit touchait à sa fin. L'heure des petites pilules arrivait, et il lui faudrait les ingérer. Il n'aimait pas ça, elles le rendaient comateux, émoussaient les sens. Et lui faisait oublier presque tout : il se retrouvait dans un état de quasi-euphorie qui le faisait se détester. Il devait paraître tellement idiot dans ces moments... Et il était hors de question de faire semblant de les avaler en les cachant : si quelqu'un s'en apercevait, il aurait des problèmes. Et il voulait à tout prix continuer à faire profil bas.

Il finit par se redresser sur son lit, et attendit la venue de l'infirmier. Peut-être ce nouveau, le brun qui était arrivé depuis peu. Il ne l'avait pas encore vraiment rencontré, mais il n'était pas spécialement enjoué à l'idée de cette rencontre : au moins, les anciennes infirmières le connaissaient bien, et tant qu'il restait tranquille, elles le laissaient en paix. Enfin, rien ne servait de spéculer, il verrait bien. De toute façon, il devrait ingérer ces petites choses, et peu importe la personne qui les apporterait.

Mélina après avoir tourné en rond dans le bâtiment principal, finit par arriver aux dortoirs des patients. La nouvelle infirmière se mit alors à la recherche de la chambre B, celle du malade dont elle devait s'occuper. Apparemment, il avait eu un comportement exemplaire depuis son arrivée ce qui lui avait même permis d'obtenir un chambre individuelle. Cela devait donc être un premier contact en douceur avec les patients pour Mélina. Enfin normalement...

La jeune femme finit par trouver la chambre du patient... Hum, on lui avait pourtant dit son nom... Ah oui, Leonard. Elle remarqua qu'elle arrivait avec presque dix minutes de retard. En même temps, à force de se perdre dans les couloirs et les différentes salles du bâtiments, même si on partait avec quelques minutes d'avance on était quasiment sûrs de ne pas être là à l'heure. Enfin, il vaut mieux tard que jamais non ? Mélina prit une inspiration puis toqua à la porte en espérant que son patient ne soit pas un maniaque qui tient à ce que tout soit bien comme il le faut quand il le faut.

"Je peux rentrer ?"

La nouvelle infirmière serra les petits paquets de médicaments qu'elle tenait dans ses mains. Son premier patient du CHMI... Elle était un peu anxieuse, mais cette inquiétude fut rapidement caché derrière un sourire, comme d'habitude. Mélina resta donc à la porte, attendant une réponse de l'occupant de la chambre.

Finalement, Leonard s'était redressé pour rien. Après 5 minutes d'attente, il s'était levé, avait fait quelques pas, puis s'était rallongé. Il n'était pas aux pièces, de toute façon il ne bougerait pas d'ici. Un retard était inhabituel, mais pas exceptionnel : tous les patients ne prenaient pas avec la même patience que lui leurs médicaments, et il arrivait que des complications retardent l'emploi du temps de quelques uns. Ça n'était pas si grave, il avait tout son temps.

Quelqu'un toquant à sa porte le surprit. Même si il n'avait pas particulièrement tendu l'oreille, il n'avait entendu personne venir. D'habitude, les infirmiers faisaient du bruit en arrivant, pour que les patients se préparent, ou au moins arrêtent toute bêtise qu'ils étaient en train de commettre.

"Je peux rentrer ?"

Une voix inconnue. ÇA, c'était nouveau. Une voix féminine, pas autoritaire ou intimidante pour un sou. Non, une voix douce, charmante. Intéressant, une jeune nouvelle infirmière. Et il allait la rencontrer tout de suite. Trop tard pour soigner la première impression, mais de toute façon, il doutait paraître inquiétant ou délirant.

"Bien sur, c'est ouvert!"

Il s'était rassis en disant cela, et attendit de voir la dernière recrue du CHMI entrer. Il était curieux de voir quel genre de personne elle était. Ces dernières semaines avaient apporté leur lot de nouveaux arrivants, et il avait hâte de rencontrer celle-ci : ils allaient sans doute être amenés à se croiser souvent, et avec un peu de chance, il pourrait nouer avec elle les même liens qu'il commençait à avoir avec Viara. Avoir deux vraies amies parmi le personnel soignant serait une agréable expérience qu'il n'aurait jamais envisagé.

Quelques secondes après avoir toquer, la jeune femme reçut un réponse positive de la part de son patient. Elle put ainsi voir, ou plutôt en entendre dans sa voix, qu'il n'avait pas l'air complètement fou ou dément. Elle fut ainsi rassurée, même si on l'avait bien prévenu que ce Leonard était un malade "facile". Ce qui laissait malheureusement supposer que ce n'était pas le cas de tous les autres internés.

Mélina finit par entrer dans la chambre découvrant ainsi un jeune homme assis sur son lit. Il devait avoir à peu près son âge et comme le laissait supposer sa voix, n'avait pas l'air inquiétant. Peut-être un peu négligé avec sa fine barbe et ses cheveux châtains un peu en bataille, à moins que cet coiffure n'ait été obtenu volontairement. Après avoir refermer la porte derrière elle, la nouvelle infirmière esquissa un sourire doux.

"Désolée du retard, j'ai encore quelques problèmes pour me repérer ici... Je m'appelle Mélina Moose et je suis la nouvelle infirmière. Vous n'avez rien de spécial à signaler ?"

Elle marqua une pause et laissa Leonard répondre. Une fois qu'il eut fini, la jeune femme mit les médicaments qu'elle tenait en évidence. Son sourire bien que moins grand que lors de son arrivée était toujours présent. Mélina rajouta ensuite, toujours avec douceur et en se rapprochant du lit du patient :

"Je pense que vous savez pourquoi je suis ici."

Une fois assez proche de Leonard, elle s'arrêta puis tendit les petites pilules et autres comprimés destinés au malade, toujours avec son sourire bienveillant. En même temps, elle murmura un petit "Tenez" poli puis attendit que Leonard prenne le paquet de médicaments.

Comme Leonard l'avait deviné, il s'agissait d'une nouvelle. Jeune, blonde, de jolis cheveux. Et elle paraissait aussi douce que sa voix. Elle l'examina brièvement en entrant, et vit exactement ce qu'il voulait qu'elle voie : négligé mais pas trop. En laissant planer le doute, il forçait les gens à réfléchir sur son aspect et ce qu'il indiquait sur sa personnalité. Au lieu de s'intéresser à ses "problèmes" mentaux. Enfin, elle n'avait pas l'air trop investigateur, et étonna le jeune homme en commençant par s'excuser.

"Désolée du retard, j'ai encore quelques problèmes pour me repérer ici... Je m'appelle Mélina Moose et je suis la nouvelle infirmière. Vous n'avez rien de spécial à signaler ?"

"Pas de problème, tout le monde débute un jour. Et tout le monde n'a pas le sens de l'orientation." Une petite pause. "Et non, rien de nouveau à ajouter à mon dossier."

Cette question, il s'y attendait. Tous les patients y avaient droit à chaque visite, et il était important de ne rien signaler qui puisse paraître trop grave. Sinon, c'était une batterie de test, et quel que soit le problème signalé, on vous diagnostiquait un nouveau symptôme. Et qui disait nouveau symptôme disait nouveaux médicaments. Beurk, déjà que ceux-là étaient à peine supportables...

"Je pense que vous savez pourquoi je suis ici."

Leonard ne put empêcher un sourire ironique de s'afficher sur son visage. Si il y avait bien une constante ici, c'était bien les médocs. Quels qu'ils soient, tous les jours, une guerre nucléaire pourrait se déclencher avant que les médicaments soient oubliés. Il fit un signe de la tête, signifiant qu'il savait bien pourquoi elle était là, et prit les boîtes que Mélina lui tenait. Il prit sa dose, et goba les pilules d'un coup. Depuis le temps, il n'avait plus besoin de boire pour les avaler.

"Ce n'est pas tous les jours qu'on rencontre une nouvelle infirmière. A chaque fois qu'il en arrive une, en fait."

Il comptait profiter de ce petit trait d'humour pour engager la conversation : il désirait jauger la jeune femme. Aussi gentille qu'elle puisse être, si elle n'avait pas assez de poigne, il risquait de lui arriver des problèmes. Et des problèmes d'autorité menaient souvent à des "accidents" ici. Elle ne serait pas la première à mal finir. L'ancien chef de la sécurité, qui avait trop contrarié Ambroise. Cet infirmier, qui n'avait tenu que trois semaines l'été dernier. Un des vigiles, trop entreprenant avec les patients qu'on avait retrouvé égorgé. Et sa soeur. L'accident. Sa sœur. Morte, et lui, seul. Et merde. Ne pas y penser, arrêter d'y penser. Pas sa sœur...

Il tenta tant bien que mal de reprendre ses esprits. Il ne savait absolument pas si Mélina lui avait répondu, et il refoula tant bien que mal les larmes qui commençaient à se presser, ne demandant qu'à couler à flots. Pas maintenant, pas alors qu'il était si bien partit. Il s'était écoulé près de deux mois depuis sa dernière crise, et il aurait espéré y échapper encore un peu. Maintenant qu'elle le voyait ainsi, elle le prendrait pour un fou, ne le comprendrait jamais. Une de plus à le croire fou, une de plus à s'éloigner de lui, une de plus à le rendre encore plus seul. Plus seul encore que depuis cet accident... Il se recroquevilla sur son lit, en proie aux pleurs. Personne ne pouvait l'aider...

"Ce n'est pas tous les jours qu'on rencontre une nouvelle infirmière. A chaque fois qu'il en arrive une, en fait."

"C'est un peu logique, vous ne trouvez p..."

Mélina avait sourit au trait d'humour, et avait répondu sur le même ton léger. Pourtant, le jeune homme s'était mis à pleurer et aussitôt elle s'était interrompue. Avait-elle fait quelque chose de mal ? L'infirmière resta un moment incrédule, cherchant une explication à ce qu'il était en train de se passer. Mais elle n'en trouvait aucune. Cependant, bien qu'elle ne sache pas comment réagir, elle ne pouvait pas rester là à ne rien faire. Elle se devait d'aider ses patients ou au moins de tenter de les aider. La jeune femme posa les médicaments sur un coin du lit puis tendit une main hésitante vers le patient qui s'était recroquevillé.

"Monsieur Lawrence ?"

La jeune femme posa finalement une main rassurante sur l'épaule du jeune homme. Cependant, elle ne savait toujours pas quoi faire... Devait-elle appeler la psychologue ? Il y avait-il un traitement à lui donné, comme des psychotropes ? Bien si tel était le cas, devrait-elle l'amener de force à la salle de traitement ou comme il était seul dans sa chambre, pouvait-on lui donner directement ici ? Mais cette crise de larmes, a-t-elle un quelconque rapport sa maladie ?
La jeune femme tenta de réconforter Leonard du mieux qu'elle le pouvait, mais si la crise de larmes ne s'arrêtait pas, il allait falloir qu'elle l'amène à une salle de traitement.

Les pensées tourbillonnaient dans la tête de Léonard. Des visages, ses parents, Sam, les docteurs. L'horreur qu'il avait ressenti quand on lui avait annoncé la mort de sa sœur. Sa descente aux enfers, la solitude. La dépression, l'alcool, les bagarres. Les séjours à l'hôpital, d'autres docteurs. Les pires moments de sa vie se mêlaient les uns aux autres pour ne faire qu'un. Un seul instant, qui semblait s'étirer pour durer éternellement. Des visages, tordus par la douleur ou la déception dansaient devant ses yeux. Ses parents, et son frère qui l'avaient vu sombrer. Et qui n'avaient rien fait. Rien. A part lui envoyer des docteurs. Toujours des docteurs, qui voulaient qu'il leur explique. Il n'y avait rien à expliquer, sa sœur était tout ce dont il avait besoin. Tout ce dont il avait toujours eu besoin.

"Natalia, Natalia..."

C'était presque un murmure, entre deux sanglots. De toute façon, elle ne pouvait pas l'entendre. Vu qu'elle était morte. Morte. Il ne s'y faisait pas, et ne s'y ferait jamais. Alors qu'il répétait son nom, plusieurs fois, il lui semblait qu'il retrouvait un peu d'elle, qu'elle revenait. Il pouvait sentir sa présence à ses cotés. Et elle disait son nom. Il l'entendait l'appeler, par leur nom de famille. Ce qui n'avait aucun sens, elle ne l'appelait jamais comme ça. Sa lucidité lui revint d'un coup, comme une douleur intense. Une lame qui tournerait dans ses entrailles. La femme s'appelle Mélina. Elle est infirmière au CHMI. Et Leonard est interné au CHMI. Car pour eux, il est fou. Sa voix se fit plus ferme.

"Laissez-moi, seul... Vous ne pouvez pas m'aider, personne ne le peut! PERSONNE!"

Il avait crié, il s'en rendait compte. D'un grand geste, il repoussa Mélina et sortit de sa chambre en courant. Il ne savait pas où il allait. Juste dehors, loin. Seul. Le pire de la crise était passé. Maintenant il voulait juste être seul.

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