[Flashback] Je ne t'aime plus, mon amour. Je ne t'aime plus tous les jours.

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Furieux, Jake était furieux. De quel droit s'était-elle sentie investie pour oser venir fouiller comme ça dans SON bureau ?! N'avait-elle aucune espèce de respect pour sa personne ? Son intimité ? Qu'aurait-elle à dire s'il faisait une enquête de voisinage et allait interroger tous ses exs pour savoir tout ce que leur relation fut ? Oh elle ne serait probablement pas contente. Se sentirait violée dans sa zone de secret, dans son identité. Contrôlée.

Bref, Jennie avait fouillé dans son bureau. Probablement à la recherche de psychotropes. Pour une raison ignorée elle les hait avec beaucoup d'insistance. Depuis qu'elle avait découvert leur existence c'était un combat perpétuel, presque tous les soirs, entre Jake et elle. Toutefois, si Jake supportait sans ciller les disputes de couple (il savait que ces nouvelles méthodes faisaient trembler les fondations et convictions de beaucoup d'individus et partait du principe que les disputes sont saines dans un couple), le manque de respect dont elle avait fait preuve aujourd'hui marquait la fin d'une ère. La fin de leur histoire.

La fin de la confiance, si petite soit elle, qu'il plaçait en les femmes. Il l'avait surprise la main dans le sac. Il avait toutefois refusé d'en parler au CHMI, ne désirant pas faire profiter l'établissement de ses scènes de ménage. Il était rentré plus tôt exprès. Il avait dans la tête une multitude de mots violents et blessants et cette multitude en mouvement suivait un ordre chaotique tandis qu'il regardait la mer par la fenêtre du salon.

Bruit de clef dans la porte.

*La faire payer ! Tu dois la faire payer !*

Dans ses moments de grande colère revenait en lui l'ombre du psycho et sociopathe qu'il avait prit tant de soin à cacher. Son poing se serra contre la vitre. Il attendrait qu'elle parle la première, cette salope.

*SALOPE ! CONNASSE ! TRAITRESSE !*

Pourvu qu'il garde son sang froid. Pourvu qu'il n'arrive rien de grave.

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[Une demie heure plus tôt. Au centre.]

C'en était trop. Vraiment trop. Tout ceci ne pouvait pas continuer. Elle ne le laisserait pas se détruire la santé. Plus rien n'allait. Plus rien. Rien. Tout était déjà perdu. Il en était presque dépendant. Ses nuits se rimaient à le voir plonger dans un profond sommeil pour partir en contrées inconnues et malsaines... Il semblait plus apprécier ses voyages tordus que leurs rares ébats... Mais le problème ne situait pas qu'à l'intérieur de leur vie de couple. Ce centre puait la magouille. La grosse magouille. Et en tant que bonne journaliste, elle ne pouvait pas se taire sur toutes ces choses qu'elle avait découverte.

C'est pourquoi, ce jour-là, cette belle après-midi pourtant, elle entreprit de briser la peu de confiance qui restait encore dans leur couple. L'ébène décida d'aller fouiller le bureau de son petit-ami. Violation de l'intimité, tout ça, elle le savait. Mais plus rien n'importait. Tout ceci était trop. Bien trop. Trop. Elle ne pouvait plus continuer ainsi.
Jennie connaissait bien le rituel de son compagnon qui était de sortir prendre l'air un instant, en début d'après-midi après son repas. Petite balade de digestion, rien de meilleur. Elle savait qu'elle n'aurait pas la malchance de le croiser.

A l'instant-même, elle entrait discrètement dans le bureau du directeur, et commença à fouiller sans bruit. Quelques coups d’œil à la porte de temps à autre. Il ne faut pas qu'elle se fasse prendre. Non. Surtout pas. Même si leur relation était vouée à faner dans peu de temps, elle tentait tout de même de préserver ce qui leur restait...
Ce qui leur restait... Mais qu'est-ce qui leur restait ?

Une pause.
Une pause devant cette photo sur son bureau.
Cette magnifique photo prise à Sydney, il y a de ça quelques mois.
La pause de trop.
La porte.
Elle s'ouvre.
C'est Lui.
C'est fichu.

Un regard échangé. Pas un mot. Les yeux parlaient. Et ils disaient « C'est fini ».
C'est fini. Fini pour de bon. Pas d'esclandre dans le centre, bien entendu. Elle repart alors sans un mot, dans ses pupilles-océan bien ancrées au fond de celle de Jake...

[Le soir. Arrivée au domicile commun.]

Rien ne servait de mentir. Oui, elle avait fouillé dans son bureau. Oui, elle n'avait pas respecté son intimité. Mais selon elle, c'était nécessaire.
Elle arriva dans le salon. Il était là. Droit comme un « i », face à la fenêtre. L'ultime dispute. La plus forte. La plus violente. La plus destructrice. La journaliste passa derrière sans piper mot. Direction la cuisine. Une envie de manger, pour une fois. C'est bien que quelque chose n'allait pas. Elle revint. Faim rassasiée. Puis s'appuya contre la porte la cuisine préalablement refermée.

« Oui. »

Un mot. Une affirmation. Un Tout.
Oui, je suis en faute. Oui, je sais ce qu'il m'attend. Oui, tu as le droit de m'en vouloir. Oui, tu peux me haïr. Oui, tout a changé. Oui, rien n'effacera ce qu'il vient de se passer. Oui, c'est impardonnable. Oui, la confiance n'est plus. Oui, je t'aime mais... Parce qu'il y existe un mais à tout...
Oui, c'est fini.

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"C'est tout ce que tu as trouvé, "oui" ?"

Jake ricana. Pour une fois qu'elle ne disait pas "non", c'était ironique que son affirmation intervienne dans une telle situation. Il l'observait dans le reflet que renvoyait la fenêtre aux double-vitrages (forcément, pour atténuer le bruit incessant des vagues). C'est vrai qu'elle était belle. Agréable au regard. Pas stupide. Si, stupide. Terriblement stupide. Incapable de préserver le jardin secret d'autrui. Toujours là à piétiner les plates-bandes des autres avec ses escarpins à talons métaphoriquement plus proches des gros sabots que des stilettos.

Il se retourna. La toisa de ses yeux bleus et froids. Quelle connerie. Quelle énorme connerie. Aussi grosse que les bourrelets qu'elle avait sur les hanches lorsqu'elle mettait des jeans taille basse. Jake détestait ses jeans taille basse. Ils rendent grasses les plus maigres des filles. Comme sa foutue maniaquerie. "Met pas tes chaussures dans la salle de bain", "ne met rien sur le lit", "replace le tapis de bain sur l'étendoir après l'avoir utilisé". Tant de petites phrases qui lui avaient semblé adorables au début de leur relation et qui désormais lui faisait l'effet d'un marteau-piqueur enfoncé dans le cerveau à chaque fois qu'elle les prononçait.

Tais-tooooooooooiiiiiiiiiiiiii. RAAAAAAAH !! Rien que d'y penser lui donnait mal au crâne. Elle le dégoûtait. Elle et son putain de mordillement de lèvre !

Envie de violence. D'écraser son petit visage contre le coin de la table basse et de faire gicler son sang sur les murs. Elle paierait. Payerait pour sa trahison. Mais pour l'instant, respiration lente et profonde, il fallait rester calme.

"Parce que c'est marrant, moi à ta place j'aurais tellement de choses à dire, tu vois comme..." il fit mine de compter sur ses doigts, les dépliant un à un à chaque phrase et prenant un faux air naïf de réflexion. "Excuse-moi d'avoir été fouiller ton bureau. Je suis désolée, je n'aurais pas dû. C'est un manque total de confiance, ce n'est pas normal. Je ne sais pas ce qui m'a pris... Oh Jake, je te demande vraiment pardon !"

Sur cette dernière phrase il avait imité le ton suppliant qu'elle prenait lorsqu'elle faisait une bêtise, accompagnant le tout d'un mordillement de lèvre parfaitement exécuté.

"Cela dit, venant d'une personne comme toi incapable de faire attention aux autres, je ne sais même pas pourquoi ça m'étonne !"

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Sa tendance laconique de l'instant ne lui plaisait guère.
Non, cela ne lui plaisait pas du tout. Lorsqu'il commençait à devenir sarcastique, c'est que ça n'allait plus. Mais alors plus du tout. Il s'amusa à énumérer toutes sortes d'excuses qu'auraient pu formuler l'ébène. Mais à quoi cela aurait-il servi ? Il ne les aurait pas entendu. Bouché. Fermé. Totalement fermé. Hermétique. Elle était hermétique.
L'imitation qu'il avait donné d'elle ne l'avait pas du tout faire rire.
Mais alors, pas du tout.
Il était tout aussi stupide qu'elle. Elle avait déclenché la guerre. Il l'alimentait.

Elle ne le regardait pas. Il la fixait, elle le voyait, mais elle ne le regardait pas. Les yeux rivés sur la mer en mouvement. Il va faire l'orage ce soir. Mais il ne sera jamais aussi violent que la tempête qui se préparait entre les deux jeunes gens.
Alors qu'elle comptait garder son sang froid, la dernière réflexion de Jake l'irrita profondément. ELLE ne faisait jamais attention !? ELLE ne pensait qu'à sa petite gueule, comme il devait sûrement le penser !? Elle crut rêver en entendant cela. Elle ne pouvait alors rester ainsi, à ne rien dire.

« JE ne fais pas attention aux autres !? Non mais dîtes-moi que je rêve ! TOI, tu OSES me dire ça ! Rappelle-toi, QUI rentre tard le soir et pose ses pieds sous la table, sans jamais rien foutre !? QUI passe ses week-ends dans ses satanés dossiers sans sortir un seul instant de son bureau !? Bureau toujours en bordel, je tiens à le préciser ! QUI passe ses nuits en se bourrant de psychotropes de merde !? Tout énumérant à son tour, elle se rapprocha de lui dangereusement, le volume allant en crescendo. Rappelle-moi notre dernier restaurant ! Rappelle-moi notre dernier week-end, loin d'ici, en amoureux ! Rappelle-moi la dernière fois que l'on a fait l'amour ! »

Il venait de la mettre hors d'elle.
Ses poings se resserrèrent.
Non, pas les coups. Ne pas lui donner de coups. Abîmer un aussi joli minois, quand même...
Mais la colère était tellement forte. Son regard froid posséda celui de l'homme qui serait bientôt un ancien amant.

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Et la réaction espérée fit son entrée. Fureur montante et dévorante, les voisins auraient quelques désagréments. Plus elle parlait et plus elle se rapprochait. Plus elle se rapprochait, et plus elle parlait fort. Plus elle parlait fort... plus Jake souriait, sa colère s'envolant pour laisser place à la satisfaction d'un jeu dont il tenait la main. Qu'elle était séduisante quand elle s'énervait. Elle donnait à Jake envie de lui faire l'amour sauvagement. De la dominer sexuellement le temps d'un rapport. Petite chose fragile qui d'un soubresaut tente de fuir son funeste destin.

Destin signé de sa propre volonté, d'ailleurs, au moment où elle avait décidé de fouiller le bureau de son compagnon. De possibilité d'avenir elle était passée à simple passe-temps. Car voyez-vous, ce qui est bien quand on est un sociopathe, c'est qu'on sait mieux que les autres imiter les sentiments et les émotions. Il y a fort à parier que celui dont l'attitude est la plus romantique de votre entourage ne soit en fait qu'une façade imposée pour cacher le handicap (ou pas !) social qui fait sa particularité.

Ainsi donc, durant les deux ans et demie qu'ils avaient passé ensemble, Jake avait feint successivement la curiosité, l'amour éperdu, l'amour plus stable et enfin le désintérêt. Quoi que la curiosité et le désintérêt furent effectivement sincères. Jake n'avait auparavant connu que très peu de femmes comme Jennie et la plastique qui s'associait à ses idées lui donna envie de mieux la connaître. Mais rapidement, une fois les habitudes et rituels installés, il avait perdu pour elle l'intérêt qui l'avait les premières semaines animé. S'en était suivi un an et demie de simulation appliquée. Et six mois d'abandon du jeu humain qu'elle représentait.

Toutefois, voilà qu'à la fin de la partie qu'ils avaient engagé, les cartes avaient changé. Il y avait là de quoi satisfaire ses petits penchants sadiques et destructeurs.

"Personnellement, j'ai fait l'amour la semaine dernière mais toi effectivement, je ne sais pas."

Provocation basse et gratuite mais ô combien jouissive. Et fausse, en plus. Si Jake aimait à regarder les femmes (surtout les belles femmes) il n'éprouvait toutefois aucun plaisir à les satisfaire ni à assouvir ses propres pulsions. Chaque rapport était le devoir appliqué d'un écolier tricheur qui ne désire pas être démasqué, rien de plus.

Mais revenons à Jennie. Il la regardait, insolent toujours (on ne change pas une équipe qui gagne). Il connaissait son impulsivité. Oserait-elle le frapper ?

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Il osait lui sourire alors qu'elle était on ne peut plus sérieuse !? Tout ceci l'amusait !? Eh bien, qu'il s'amuse bien !
Qu'il rigole bien !
Il ira se trouver une autre bonne poire qui croira à toutes ses conneries ! Oui, parce que Monsieur est pire qu'un gros et sale menteur ! La lueur malsaine dans son regard en disait long sur ce qu'il pensait à l'instant. Même pas en rêve, mon joli ! Même pas en rêve ! Il avait le don de la rendre complètement folle, presque tout aussi folle que ses patients qui l'attendaient dans sa putain d'Institut de merde.

Elle l'avait déjà vu se comporter ainsi avec d'autres, prendre son petit air supérieur et amusé comme si rien ne l'atteignait. Il lui donnait envie de vomir. Il la répugnait. Tout l'amour qu'elle pouvait lui porter se métamorphosait en haine profonde.

Crève !
Mais qu'il crève, ce gros bâtard !

Et voilà qu'il lui annonce qu'il la trompe !? C'en est TROP. Plus que TROP. Qu'il aille la sauter, sa connasse ! L'ébène s'en contrefichait. Il pouvait bien faire ce qu'il veut avec qui il veut, cela ne la regardait plus. Non, vraiment plus. Ses poings se resserraient encore, ses ongles perçant doucement sa fine peau.
Le sang coulait quelque peu... Mais qu'importe. La douleur n'était rien comparée à sa furie.

Ses yeux se plissèrent.
Sa lèvre inférieure fut mordue à l'extrême.
Juste le temps d'une seconde.

« C'est bon, je me BARRE ! Je me CASSE DE LA ! Va donc t'envoyer en l'air avec TA SALOPE ! J'en ai rien à carrer... Tu me DÉGOÛTES ! »

Tout en hurlant cela, elle se dirigea rapidement vers leur chambre, où elle balança toutes ses affaires sur la couche, avant de sortir une valise et de mettre dedans.
Tout en bordel.
C'était tout en bordel dans sa valise.
Mais tant pis.
Elle trouverait un hôtel pas loin, où elle passerait la nuit. Elle ne pouvait plus rester ici. Elle ne pouvait plus rester en sa présence. L'effort était trop grand. Et puis, tout cela allait mal finir. Vraiment très mal finir, et ça, elle ne le voulait pas. Des larmes de rage lui montaient et inondaient doucement ses yeux.

Non, ne pas pleurer devant lui.
Non, surtout pas ça.
Il n'a pas gagné. Non, il n'a pas gagné ! Il ne gagnera plus jamais !

Ses gestes étaient précipités et désordonnés, elle tentait de rassembler un maximum d'affaire.
Prendre l'air.
Elle devait prendre l'air.
Partir.
Vite partir.

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Goguenard il la regardait partir en tourbillon de fureur. Il lui arrivait rarement de mettre les autres dans de tels états. D'ailleurs, s'il s'en savait tout à fait capable, il préférait éviter. Histoire de toujours garder le contrôle de la situation et de son entourage. Apparaître le plus affable possible. Donner l'impression d'être un individu de confiance. Bref : dissimuler sa véritable nature.

Appuyé contre le chambranle de la porte de leur chambre, Jake avait suivi Jennie lorsqu'elle s'y était engouffrée, hurlant en même temps ses menaces qui ressemblaient aux yeux du docteur plus à des promesses qu'à autre chose. Elle s'attelait sans méthode à vider leur armoire commune de ses affaires et de les entasser dans sa valise. La parfaite petite scène de ménage.

D'ailleurs, généralement, à ce moment-là, l'un ou l'autre des partenaires ayant engendré la crise passe aux excuses et aux aveux. Il se fait tout petit, se met à genoux et implore que l'autre reste. Mais Jake n'est pas comme ça. Avec lui, les choses sont définitives. Elle l'a trahi ? Elle paie. Et payera tant qu'elle sera à sa portée.

"Tu sais que j'ai fait enfermer des fous pour un comportement moins irrationnel que le tien ?"

Encore une fois, de la provocation. Mais pas totalement infondée. Car en cet instant précis, les cheveux ébouriffés par ses grands gestes, la respiration légèrement saccadée et le visage rougi par la colère, Jennie avait tout l'air d'une dangereuse psychopathe.

"Sans compter qu'avec tes réels problèmes de poids, n'importe quelle institution t'accueillerait les bras ouverts."

De la simple provocation, on passait désormais à la menace. Car Jennie (et cela, Jake l'avait compris dès le départ) avait cela en commun avec son ex qu'elle n'abandonnait jamais. Et pouvait se montrer particulièrement dangereuse lorsqu'elle refusait de revoir ses plans à la baisse. Ainsi, il s'assurait de lui faire comprendre que si elle se plaçait en travers de son chemin, il l'écarterait sans états d'âme.

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Il était là, appuyé contre l'encadrement de la porte de leur chambre. Il semblait jubiler de la voir dans tous ses états. Qu'il profite, qu'il jubile, le grand gaillard ! Elle disparaîtrait vite. Bien vite. Il aura perdu sa plus grand distraction. Il sera bien triste, tiens... Mais elle lui faisait confiance pour en retrouver une assez rapidement. Elle ne le regardait pas. Pas un regard, rien. Et lui la dévisageait. Qu'il la regarde bien. Il ne la verrait plus. Elle ne voulait plus le revoir.
Tout était fini.
Fini.
Totalement fini.
Il jubilait. C'était certain. Il s'amusait à la provoquer ou la menacer. La faire interner ? C'est ce qu'il désirait ? Oh, plutôt mourir que de se retrouver dans un centre tel le sien, ou pire que cela, se retrouver dans le sien ! Il désirait qu'elle s'excuse ? Elle ne le fera pas. Celles-ci ne seraient pas sincères. Et ces fausses excuses seraient encore un sujet à la dénigrer, et ça, hors de question.

Il s'attaquait à son poids, et la menaçait. Elle ne répondrait pas. Non. Il n'attendait que ça. Il attendait à ce qu'elle perde totalement le contrôle. Il pensait réellement lui faire peur ? S'il savait le nombre de gens qui était anti-psychotropes... Il devrait avoir du souci à se faire. Elle n'était pas la seule à voir ce centre d'un mauvais œil.
Il n'était au courant de rien.
De rien du tout.
Ni des informations récoltées contre les psychotropes et le CHMI, ni de...
L'ONG anti-psychotropes...

Et pour le moment, il ne devait pas le savoir. Elle se devait de regrouper plus de monde avant d'attaquer...
Intériorisant sa colère, elle paraissait plus calme qu'auparavant. Ses mouvements devinrent plus lents, et sa respiration plus calme. Elle faisait un peu d'ordre dans sa valise. Qu'elle ferma d'un geste ferme et sec.
À cet instant, elle planta ses yeux dans les siens.
Elle s'approcha de lui pour quitter la pièce.
Quitter cette maison.
Coup d'épaule pour passer avec aise.

« Laisse moi... » lui dit-elle d'une voix calme, mais ferme.

Elle jeta négligemment les clefs sur la table du salon , lui faisant ainsi comprendre qu'elle ne reviendrait pas puis s'avança d'un pas rapide vers la porte d'entrée.

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Déjà ? Déjà fini ? Jake espérait des crises de larmes, de la vaisselle cassée, un peu de passion que diable ! Mais elle était résignée, visiblement plus adulte que lui sur ce point-là. Tant pis. Au moins ça ne serait pas comme ces discussions de thérapie de couple où les deux individus se retrouvent face à un psychologue débile persuadé d'avoir la réponse à leur problème et qui est là, témoin de discussions qui ne doivent ni s'enflammer ni s'arrêter. Putain de thérapie de couple de merde.

De nouveau, Jake s'énervait. Il n'avait pas prévu cette rupture comme ça. La contrariété le gagnait. Il fronça les sourcils, la regardant faire sa valise sans lui jeter un seul coup d'oeil.

*Mais regarde-moi, bordel ! Regarde-moi ! Je suis le centre de ton existence, tu comprends ?? SANS MOI TU N'ES RIEN !!*

Il n'osa évidemment pas le dire. De toutes façons, à peine eut-il le temps de le penser qu'elle lui avait mis un coup d'épaule, libérant du même coup l'espace pour repasser de la chambre au salon. Valise fermée, pleine, à la main. Clés jetées sur la table basse. Au moins l'appartement n'aurait pas été un sujet de discorde.

Après tout, c'est lui qui l'avait acheté, avec sa paie, ses économies. Financièrement il lui était largement supérieure. Elle n'avait pour elle que son petit salaire de journaliste indépendante. Peuh !

Toutefois, la voire s'éloigner ainsi, si rapidement et si évidemment définitivement l'ébranla. Elle avait tout de même fait partie de sa vie. Longtemps. Il s'approcha de la porte à grandes enjambées, l'y retrouva. Appuyant ses grandes paumes sur les épaules minces, il la retourna vers lui, chercha son regard et vrilla ses pupilles dans les siennes.

Un dernier contact. Un dernier regard. L'assurance que pour elle, il existait encore.

Tout à coup, une pulsion le prit. Il se jeta sur ses lèvres et l'embrassa, passionnément, fougueusement, l'enserrant dans une étreinte dont elle ne pourrait seule se défaire. Il laissa une dernière fois couler ses mains le long de ses reins.

"Tu vas me manquer, tu sais... C'est dommage que ça se termine comme ça."

Non mais c'est vrai ! A qui parlerait-il de ses petits soucis ? De ses tracas du travail ? Qui laverait ses draps et serait toujours la première à le complimenter sur sa tenue vestimentaire ? Certainement pas sa mère...

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Il se plaça devant elle. Il semblait vouloir la retenir. Non, sûrement que non. Ses yeux se plantèrent dans ceux de l'ébène. Et là, sans crier gare, il l'embrasse.
Avec fougue.
Avec passion.
Celui lui rappelait, non sans une once de nostalgie, leur premier baiser. Tout aussi sulfureux. Et ses mains qui s'échouaient sur ses reins l'amenait à se souvenir de leur première fois. Douce première fois. Mais désormais, rien n'était pareil. Rien ne sera plus jamais pareil.
Leur amour est brisé.
Fractionné.
Déchiré.
Leurs chemins se séparaient. Ils étaient désormais à la dérive sur le canal de la vie... A chercher un port où lâcher l'ancre. Instinctivement, par envie aussi peut-être – ses mains vinrent se glisser dans la nuque de cet homme appartenant maintenant à son passé. Elle ne pouvait séparer leurs lèvres, traçant le point final de leur histoire.
Une éternité.
Elle désirait que celui-ci dure une éternité. Et qu'en une fraction de seconde, tout s'évapore. Les psychotropes. Le CHMI. Ses mots. A elle. A lui. La haine. L'amertume. Les fautes. Mais cet ultime baiser ne dura que peu de temps pour la jeune femme. Mais hors de question de lui montrer. Rester forte. Elle devait rester forte. Elle allait lui manquer ? Elle l'espérait bien. Mais était-il sincère ? Ou n'était-ce qu'une nouvelle manière d'essayer de l'attendrir et de l'amadouer ? Impossible d'être sûre de quoi que ce soit. Et ceci n'est pas vivable. Le doute. Quand le doute s'installe, tout s'enfuit.

Elle ne dit rien. Elle ne lui répondre rien. Lui répondre quoi, de toutes manières ? ''Toi aussi, tu vas me manquer.'' ? Non, il aurait gagné. Et ça, ce n'était pas imaginable. Elle restait là, face à lui, dos à la porte. En apnée totale. Ce baiser, malgré tout, l'avait plus que troublé.

« Je vais y aller. »

» Absence des derniers jours
» [Absence de ces derniers jours] Pardoooon

[Flashback] Je ne t'aime plus, mon amour. Je ne t'aime plus tous les jours.

[Flashback] Je ne t'aime plus, mon amour. Je ne t'aime plus tous les jours.

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